Menace nucléaire: Poutine plus dangereux que jamais, selon des experts
Vladimir Poutine se rabat sur 300 000 réservistes pour espérer freiner les troupes ukrainiennes

Olivier Faucher
Le président russe Vladimir Poutine est en train de perdre le contrôle de son invasion de l’Ukraine en appelant 300 000 réservistes à aller combattre, selon des experts qui estiment que le risque d’un recours à l’arme nucléaire par Moscou n’a jamais été aussi élevé.
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«Quand on est rendu à faire des mobilisations partielles, c’est qu’on est rendu pas mal dans le fond du baril», résume Pierre St-Cyr, colonel à la retraite des Forces armées canadiennes.

Une «mobilisation partielle», c’est ce qu’a annoncé mercredi le président russe, qualifiant la décision «d’urgente et nécessaire». Ce sont 300 000 soldats réservistes qui doivent se joindre à l’effort de guerre, sans quoi ils s’exposent à des amendes ou des accusations.

Cela survient alors que les troupes russes connaissent de grandes difficultés, notamment depuis que l’Ukraine a réussi à récupérer 6000 kilomètres carrés de territoire au nord, près de Kharkiv, en l’espace de quelques jours, au début septembre.
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Escalade dangereuse
Selon deux experts consultés par Le Journal, le recours à la mobilisation démontre que Poutine est à court de solutions, ce qui ouvre la voie à une escalade pouvant mener au conflit nucléaire.
Yann Breault, professeur d’études internationales au Collège royal militaire de Saint-Jean, est catégorique: «Le danger que Poutine puisse avoir recours à l’arme nucléaire n’a jamais été aussi élevé en six mois d’invasion.»
«Ça va m’apeurer si cette mobilisation est un échec, ajoute M. St-Cyr. Qu’est-ce qui va lui rester? C’est ça qui est dangereux.»
Militaire retraité
Car rien n’est moins sûr selon lui que ces 300 000 hommes auront l’effet escompté.
«Il y a un obstacle majeur de motivation et ils vont avoir besoin d’un certain entraînement. On peut s’attendre à un mois avant qu’on voie une efficacité sur le terrain», poursuit-il.
«Nous utiliserons certainement tous les moyens à notre disposition pour protéger la Russie et notre peuple, a d’ailleurs déclaré le président russe dans son allocution, en référence à l’arme nucléaire. Ce n’est pas du bluff.»
Plus tôt cette semaine, la Russie avait annoncé des référendums vus comme étant bidon par l’Occident, du 23 au 27 septembre, pour annexer quatre territoires ukrainiens qu’elle occupe. Cela servira d’argument à Poutine pour convaincre sa population que la Russie «est envahie», prédit M. St-Cyr.
Zelensky, lui, croit au bluff
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réagi en disant « ne pas croire » à l’utilisation d’armes nucléaires par Moscou et a minimisé l’annonce de la mobilisation.
«Il a besoin d’une armée de plusieurs millions de personnes, car il voit qu’une grande partie de ceux qui arrivent s’enfuit», a-t-il ajouté.
Plusieurs chefs d’État ont profité de leur passage devant l’Assemblée générale de l’ONU pour dénoncer cette annonce russe, mercredi.
«Une guerre nucléaire ne se gagne pas et ne doit pas être livrée», a notamment fustigé le président américain Joe Biden.
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