Lance Stroll: le pire pilote de sa cohorte?
Des saisons de course difficiles le relèguent en queue de peloton parmi les pilotes de son âge


François-David Rouleau
Le modique rendement de Lance Stroll de cette année en Formule 1 a coûté de précieux points et une tonne d’argent à l’écurie Aston Martin. Après sept saisons au volant d’une monoplace, le pilote québécois figure parmi les pires de sa cohorte.
Débarqué chez Williams à 18 ans, à l’aube de la campagne 2017, Stroll a depuis engrangé 268 points en 143 courses sur le grand circuit de la Formule 1 – soit moins que les Leclerc, Norris, Ocon, Gasly et cie de sa tranche d’âge.
Ce qui le relègue au sixième rang parmi les neuf pilotes de sa cohorte qui ont fait le saut dans la discipline reine et y sont restés plus d’une saison depuis ce temps, selon une compilation du Journal.

Le week-end dernier, le petit point engrangé en finissant au 10e rang du GP d’Abou Dhabi ne lui a pas permis de surpasser sa «meilleure» récolte de 75 points, réalisée en 2020 à bord de son bolide Racing Point.
À oublier... encore!
Son compteur s’est donc arrêté à 74 points au terme du calendrier de 21 courses où il a été exclu des points à neuf occasions. Marquée par une blessure, une crise au Qatar et une voiture capricieuse à la mi-campagne, cette saison où il a fini au 10e rang du championnat des pilotes en est une autre à oublier.
D’autant plus que son coéquipier Fernando Alonso, au volant d’une bagnole identique, l’a éclipsé de 132 points pour terminer au quatrième échelon derrière le champion Max Verstappen, le coéquipier Red Bull de celui-ci, Sergio Pérez, et le septuple champion du monde dans le baquet de Mercedes, Lewis Hamilton.
Gênant?
Certainement. Car ce retard sur son coéquipier est un indice révélateur. Stroll n’a comptabilisé que trois tops 5 dans ce championnat, tandis qu’Alonso a grimpé sur le podium huit fois, assurant 73,6% des points d’Aston Martin.

Pour la sixième fois de sa carrière en F1, le pilote fut devancé par son coéquipier. L’unique fois où il a surpassé l’autre voiture aux mêmes couleurs, c’était au championnat de 2018, quand Sergey Sirotkin conduisait aussi le véritable tracteur de Williams dans les bas-fonds du classement.
Cette année, Aston Martin avait de grands objectifs et de grandes ambitions en ayant assemblé une voiture capable de rivaliser avec les Red Bull, Ferrari et Mercedes.
Et tandis que le titre de «Best of the rest» était envisageable pour l’écurie britannique détenue majoritairement par Lawrence Stroll, celle-ci fut devancée au fil d’arrivée par McLaren. Cette quatrième place chez les constructeurs vaut son pesant d’or, notamment pour les commandites.
Mais papa Stroll persiste et martèle que la santé financière de l’écurie se porte bien. Si bien qu’il en a vendu une part minoritaire à une firme privée d’investissement, Arctos, pour la rondelette somme de 1,2 G$ à la mi-novembre.

Derrière Ocon, Gasly et cie
Dans la voiture la plus rapide et prometteuse qu’il ait pilotée depuis son arrivée en F1, Lance Stroll a été incapable de s’imposer et de maintenir la cadence. Deux bonnes performances en fin de saison ne font pas oublier ses lacunes tant en qualifications qu’en course. Même le pilote d’essai, Felipe Drugovich, a tourné plus vite que lui à deux occasions en essais libres, notamment la semaine dernière à Abu Dhabi.
Malgré ses contre-performances, il sera de retour l’an prochain a déjà confirmé le directeur de l'écurie, Mike Krack.
Mérite-t-il qu’une place lui soit assurée parce que papa possède une écurie? Bien d’autres pilotes ont perdu leur baquet malgré de meilleurs résultats.
Dans sa cohorte, Stroll a cumulé 2,5 fois moins de points que Lando Norris, qui est arrivé chez McLaren en 2019. Et pourtant, dans ces quatre saisons, le pilote canadien était au volant de voitures compétitives de Racing Point et d’Aston Martin.

Quant au Britannique George Russell, il compte 469 points en carrière. Vrai qu’il conduit la rutilante Mercedes, mais il a mangé son pain noir en poussant la Williams durant trois ans, la faisant d’ailleurs passer du 10e au 8e rang en 2021. Idem pour Charles Leclerc, qui est passé chez Ferrari, autre écurie de pointe du top 3, après avoir poussé les limites de sa Sauber en 2018.
Comme le disait si bien Jacques Villeneuve, l’oncle, au Journal lors du Grand Prix de Las Vegas, «Si tu n’as pas le bazou, t’es dans la merde.»
Il n’empêche que Stroll avait un bon «bazou» entre les mains qu’il n’a pas su pousser à la limite comme ses rivaux. On peut donc se demander si le feu brûle toujours pour le pilote canadien dont le volant n’est pas en danger.
À fond la caisse
Pour évaluer son rendement, c’est plutôt face à Pierre Gasly et à Esteban Ocon qu’il faut le comparer. Du côté de Toro Rosso et d’AlphaTauri, Gasly a réalisé de petits miracles en roulant en milieu de peloton, sortant au passage quelques lapins de son chapeau, avant de passer chez Alpine cette année.

Ayant perdu son volant chez Force India, devenu Racing Point en 2019, notamment aux mains de Stroll, dont le père avait récupéré l’écurie, Ocon en a retrouvé un chez Renault et Alpine, où il a progressé chaque saison. Ce qui lui a permis d’engranger un total de 422 points depuis 2017, soit 154 points de plus que le Québécois. Mais avec une saison en moins.

Auteur de surcroît de trois podiums en carrière, dont un à Monaco en mai dernier, le Français a réalisé une récolte de 92 points, sa meilleure en carrière, en terminant au 8e rang du championnat l’an dernier.
Il a contribué aux succès de Renault et d’Alpine.
On ne peut en dire autant de son collègue chez Aston Martin.
