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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Nouveau roman de Marc Séguin: l’amour n’est jamais simple!

Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2022-12-02T01:00:00Z
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Artiste peintre réputé, écrivain primé, Marc Séguin s’est questionné sur l’attachement, les relations amoureuses et les conventions affectives dans son nouveau roman, Un homme et ses chiens. À travers le parcours d’un homme qui travaille six mois par année comme garde-chasse, et pour qui ses chiens sont indispensables, il explore les forces qui se cachent derrière les rencontres, les unions et les ruptures, les synchronicités et les écueils de la vie.

Il y a une force de vie intense dans cette fable où le narrateur, au fil des rencontres et des saisons, doit briser un cycle qui se répète, un genre de pattern, pour avancer. 

« Je sais que je vais frôler des choses importantes ou difficiles. Le personnage est un peu difficile à aimer, mais mon défi c’est d’emmener les gens ailleurs, de les bouleverser un peu et en même temps, de les prendre au piège. Quand tu commences à lire, tu es un peu obligé de continuer, même s’il y a des choses avec lesquelles tu n’es pas d’accord », commente Marc Séguin, en entrevue.

L’homme qu’il décrit dans son roman a de la difficulté à s’attacher. Inévitablement, les personnages féminins s’y accrochent comme à une bouée. Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis. Ironiquement, quand il réussira à surmonter des difficultés et à créer un vrai lien, fort et authentique, la vie lui fera un croc-en-jambe.

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Jusqu’à quel point le roman est-il lié à son propre parcours de vie ? « Moyen... mais pas à l’endroit où tu peux penser. Ça semble évident, parce que je suis un homme, de penser que je peux ressembler plus à ce personnage. Mais je suis beaucoup plus caché dans les personnages de femmes que dans le personnage de l’homme. »

Profonde réflexion

« La deuxième chose, c’est que je fais parler un narrateur qui raconte l’histoire d’un personnage. Le narrateur et ce qu’il choisit de raconter et de dire me ressemblent beaucoup, dans les talles où je veux aller jouer et les pièges que je veux tendre. Je pense être beaucoup plus présent dans les endroits où on ne m’attend pas, dans ce livre. »

Marc Séguin parle de trouble de l’abandon et de trouble de l’attachement dans le roman. « C’est pas traité d’une manière psychopop. Le gars fonctionne pareil. Il est aimable quand même. Mais ça, pour moi, ça ressemble plus à la vraie vie parce qu’on a tous des travers et on continue quand même de s’aimer et de se faire aimer.

Photo courtoisie, Éditions Leméac
Photo courtoisie, Éditions Leméac

« Dans le livre, le gars est difficile à aimer... mais on l’aime quand même. Oui, il fuit. Comme beaucoup de gens que je connais, dans la vie. À travers le temps, il fuit l’amour, il fuit des femmes, il fuit aussi avec l’alcool. Il se déplace et va ailleurs pour se rassurer sur sa propre identité. J’en connais, du monde comme ça... à la poignée. Et autant hommes que femmes. »

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Marc Séguin voit son livre comme une profonde réflexion sur l’amour, les conventions amoureuses, l’attachement. « L’amour, comme il nous a été vendu depuis quelques décennies, convient à une époque. Mais il y a trois, quatre ou cinq siècles, ce n’était pas si important que ça de réussir sa vie amoureuse. On a transformé ce sentiment avec une notion d’infini. »

Paradoxalement, le personnage a des ancrages solides avec la nature magnifique qui l’entoure, avec son territoire, avec le fleuve et ses îles, et un attachement sans limites pour ses chiens. « Il est tout croche, mais il vit des sentiments, il vit des choses et il est capable de le dire. Il n’est pas parfait. Il ne va pas idéaliser le sentiment. Et pourtant, il tombe éperdument amoureux. »

  • Marc Séguin est un artiste peintre réputé, auteur de nombreux livres.
  • Il a aussi réalisé un film de fiction (Stealing Alice) et un documentaire (La ferme et son État).
  • On lui doit La foi du braconnier, Hollywood, Nord Alice, Jenny Sauro.
  • Il a été finaliste à de nombreux prix et a remporté le Prix littéraire des collégiens.

EXTRAIT

« Ile aux Naufrages. L’une de vingt et une îles d’une suite aussi nommée «archipel des Sorciers» par les anciens. Un bout de terre qui flotte dans le fleuve. Quelques dizaines de milliers d’acres. Rien à voir avec l’étendue d’Anticosti. Mais une concordance dans les douzaines d’épaves de bateaux échoués sur les hauts-fonds et bordent les deux îles.

Pour gagner sa vie, l’homme suivait le gibier. Comme on le faisait autrefois pour survivre. Peut-être existe-t-il d’autres attirances, invisibles, que celles que l’on connaît et reconnaît. Tels des vents qui guideraient nos pas. Ou des routes perdues et sinueuses qui mènent à bon port. »

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