L’Amérique dans les années 1930


Marie-France Bornais
Après Le chant du rossignol, roman avec lequel elle a gagné le cœur des lecteurs francophones, la Californienne Kristin Hannah revient cette année avec une histoire émouvante, passionnante, qui fait aussi devoir de mémoire : Les vents de sable. Ce roman raconte la vie d’une femme aux prises avec des événements climatiques terribles et un déracinement, au Texas, dans les années 1930. L’Amérique de la grande dépression racontée par une héroïne courageuse, forte, résiliente.
Nous sommes au Texas, en 1934. Elsa Martinelli a la vie dont elle a toujours rêvé : une famille unie, de beaux enfants, un mari, une ferme dans les Grandes Plaines.
Malheureusement, la Grande Dépression suivant le krach boursier de 1929 ne l’épargnera pas. En plus, des événements climatiques terribles détruisent les récoltes. Aux États-Unis, cette période de chaleur intense et de tempêtes de poussière ayant affecté le Texas, le Kansas, l’Oklahoma et l’est du Colorado est connue sous le surnom de l’infâme Dust Bowl.
Comme un malheur ne vient jamais seul, Elsa découvre que son mari s’est enfui. Elle doit se battre pour la terre qu’elle aime ou la quitter, comme des milliers d’autres personnes, pour chercher une vie meilleure en Californie.
Les femmes
Kristin Hannah, une écrivaine engagée, présente avec Les vents de sable un nouveau classique de la littérature américaine où le point de vue des femmes est à l’avant-plan.
« Je savais peu de choses à ce sujet avant de commencer. Il y a plusieurs années, j’ai écrit Le chant du rossignol, qui parle des femmes de la Résistance en France pendant la Deuxième Guerre mondiale. Quand le livre est sorti, j’ai eu beaucoup de commentaires, surtout de lectrices, qui sentaient que cette histoire les rejoignait. J’ai eu envie d’écrire le même genre de livre, à propos de mon propre pays, de l’histoire de ma propre famille », explique Kristin Hannah, en entrevue.
« Quand j’ai voulu cadrer mon histoire dans une période historique, je me suis arrêtée sur la Grande Dépression, puis sur le Dust Bowl. J’ai été frappée par tout ce que les gens ont enduré, par leur stoïcisme, et tout l’impact de cette situation. »

Les Grandes Plaines
« Ma famille vient de la Saskatchewan. J’ai donc compris beaucoup de choses au sujet de la vie dans les Grandes Plaines. Tout ça m’a donné envie d’écrire sur ce que les femmes faisaient pendant cette crise. Le peu de choses que je savais au sujet de la Grande Dépression concernait les hommes. Mais je voulais savoir ce qui s’était passé, du côté des femmes. »
Une des révélations, au cours de ses recherches, fut de réaliser que la majorité des gens étaient restés dans les Grandes Plaines.
« Ils ont décidé de se battre et passer à travers cette décennie de dépression économique. Pour moi, c’était remarquable : ça prouvait à quel point les gens étaient attachés à leur terre, à quel point elle avait de la valeur à leurs yeux. »
Affronter la crise
À travers ses personnages, Kristin Hannah montre toute la force et le courage des femmes qui ont affronté le Dust Bowl.
« Elles n’avaient pas le choix. Chaque fois que, dans l’Histoire, c’est difficile de trouver de la nourriture, des vêtements, des abris, ça retombe de façon disproportionnée sur les épaules des femmes. C’est leur responsabilité de s’assurer que leurs enfants sont en sécurité, nourris. C’est ça que je voulais montrer dans mon livre, parce que souvent, le rôle des femmes dans l’Histoire est marginalisé ou oublié. Peut-être parce que les femmes n’ont pas raconté leur histoire ou ne l’ont pas écrite. »
- Kristin Hannah est née en Californie et habite l’État de Washington.
- Sa famille vient de la Saskatchewan. Son grand-père a quitté le Pays de Galles à l’âge de 14 ans parce qu’il voulait devenir un cow-boy !
- Elle était avocate avant de devenir une écrivaine à succès.
- Elle est l’autrice de plus de 20 romans publiés dans le monde entier.
EXTRAIT
« Il faisait si chaud que, de temps à autre, un oiseau tombait du ciel et atterrissait avec un bruit sourd sur la terre compacte. Les poules étaient assises par terre, la tête pendante, en petits tas poussiéreux, et les deux dernières vaches se tenaient côte à côte, trop assommées et fatiguées pour bouger. Une brise molle soufflait sur la ferme et tirait doucement sur la corde à linge nue.
L’allée qui menait à la maison était toujours bordée de poteaux de fortune et de fil de fer barbelé des deux côtés, mais des poteaux étaient tombés à plusieurs endroits. Les arbres qui l’encadraient étaient rachitiques, à peine vivants. Cette ferme avait été transformée par le vent et la sécheresse, sculptée en un désert jonché d’arbustes assoiffés et de boules d’herbes virevoltantes. »