Mort en attendant les secours: l’ambulance est arrivée cinq heures après son accident
L'automobiliste a été victime d’une embardée


Diane Tremblay
Le long délai encouru avant de porter secours à un automobiliste victime d’un accident au km 338 de la route Billy-Diamond (anciennement route de la Baie-James), en 2021, est «inacceptable», conclut une coroner.
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Blessé à la tête, Scott Henderson, 60 ans, originaire de la Colombie-Britannique, était vivant lorsque le premier passant s’est arrêté vers 4h30, le 30 mai 2021.
«Si M. Henderson avait pu recevoir des premiers soins et être transporté rapidement vers un hôpital équipé pour traiter les polytraumatisés, son sort aurait peut-être été différent», affirme la coroner Me Geneviève Thériault dans un rapport obtenu par Le Journal.
Les premiers répondants, en provenance de Radisson, soit à plus de 280 km des lieux de l’accident, sont arrivés vers 9h15. M. Henderson est décédé vers 8 h.
«Le long délai encouru en l’instance m’apparaît inacceptable», soutient Me Thériault.
Bris de service
Selon la coroner, plusieurs éléments ont contribué à ce long délai. Le service d’ambulance normalement présent au relais routier du km 381, sous la responsabilité du gouvernement provincial, avait été mis hors service la veille.
Le premier répondant en chef au relais routier, situé à vingt minutes des lieux de l’accident, avait terminé son quart de travail de 21 jours. Comme le deuxième poste de premier répondant était vacant, il n’y avait personne pour le remplacer.
«Il me semble inconcevable que le seul service de premiers répondants présent sur cette route de 620 km puisse ainsi subir des bris de services», indique Me Thériault.
Pas de garantie
La Société de développement de la Baie-James (SDBJ), responsable de la gestion du relais routier, a pourvu le poste vacant depuis ce temps, mais elle n’est «pas capable de garantir une couverture à l’épreuve de tout».
«Ça n’arrive vraiment pas souvent que nous ayons une découverture, mais il a fallu que ça tombe au mauvais moment», a affirmé Alain Coulombe, président-directeur général de la SDBJ.
Lors d’une découverture, la SDBJ active le plan de relève afin que les villes de Matagami et de Radisson puissent couvrir le territoire. Le dernier bris de service remonte à quelques semaines seulement.
Selon la coroner, il est urgent de mettre en place des initiatives, telles que l’évacuation des accidentés de la route par hélicoptère. La difficulté d’accès au réseau cellulaire dans cette zone isolée a été soulevée aussi.
Contrairement aux autres provinces, le Québec ne dispose pas d’un système de transport héliporté en réponse primaire, mais le ministère de la Santé et des Services sociaux soutient qu’une réflexion pourra être entamée sur une offre aérienne à la suite du dépôt, en juin dernier, de la
Politique gouvernementale sur les services préhospitaliers d’urgence.
La famille a préféré ne pas émettre de commentaires. La fatigue et l’alcool – la victime était seule et elle conduisait avec un taux d’alcoolémie de 175 mg/100 ml – ont contribué à la perte de maîtrise de la camionnette convertie en camping-car.

- Date de l’accident : 30 mai 2021
- Fatigué et sous l’effet de l’alcool, la victime perd le contrôle de sa fourgonnette entre 4 h et 4 h 30
- La route est belle et les conditions sont bonnes
- 4 h 30 : arrêt du premier passant qui quitte la victime pour aller appeler plus loin
- 5 h 15 : appel aux services d’urgence
- 6 h 10 : arrêt de nouveaux passants, qui restent auprès de la victime
- 8 h : décès du conducteur qui succombe à ses blessures
- 9 h 15 : arrivée de l’ambulance en provenance de Radisson à environ trois heures de route
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