L’aluminium québécois perd du terrain aux États-Unis
Alex Martin
La guerre commerciale entre le Canada et les États-Unis fragilise l’industrie québécoise de l’aluminium, et les répercussions se font durement sentir au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Depuis l’imposition de nouveaux tarifs douaniers en juin, les exportations vers le marché américain ont chuté de manière marquée.
Selon Statistique Canada, la proportion d’aluminium québécois exporté aux États-Unis est passée de 95 % en janvier à 63 % en juin.
Pour compenser cette perte, l’industrie se tourne désormais vers d’autres marchés. En juin, 26 % des exportations ont été redirigées vers les Pays-Bas, alors que cette proportion était quasi nulle au début de l’année. À Sept-Îles, l’Aluminerie Alouette a réorienté plus de la moitié de sa production vers l’Europe. Chez Rio Tinto, bien que la multinationale ne précise pas les destinations de ses cargaisons, les États-Unis demeureraient un marché important.

La transition s’annonce longue et complexe, notamment pour les petites et moyennes entreprises.
«Le plus grand impact: on retient les investissements présentement. Si on veut agrandir, améliorer la productivité, acheter de nouveaux équipements... il y a tellement d’incertitudes qu’on retient les investissements actuellement. Certaines entreprises pensent aussi à délocaliser certains services...», explique Sandra Rossignol, vice-présidente exécutive à la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le Fjord.
Développer de nouveaux marchés, particulièrement en Europe, demande temps et ressources.
«Développer l’Europe, ça ne se fait pas en six mois», ajoute-t-elle.
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Cette incertitude freine de nombreuses décisions d’affaires essentielles à la croissance économique régionale.
«Il y a effectivement une inquiétude. Le développement de nouveaux marchés, c’est extrêmement difficile... ça prend plusieurs mois, voire plusieurs années, avant de développer de nouveaux clients», conclut Mme Rossignol.
Rappelons que le Saguenay-Lac-Saint-Jean produit à lui seul le tiers de tout l’aluminium fabriqué au Canada. Dans une région où l’«or gris» est un moteur économique majeur, la pression actuelle provoquée par les tarifs américains soulève de nombreuses préoccupations pour l’avenir.