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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Laissez les jeunes faire la grève pour leur cellulaire!

Cette mobilisation démontre l’impératif d’interdire les cellulaires dans les écoles

Photo d’archives, Stevens LeBlanc
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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2025-05-09T15:30:00Z
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Le ministre de l’Éducation est alarmé. Les centres de services scolaires sont mobilisés. Tout le monde aux barricades: les ados du Québec veulent faire la grève.

Leur cause est noble! Revendiquer le droit de garder leur cellulaire à l’école.

Ça dit tout. Ça dit tout sur les priorités de notre jeunesse. Ça dit tout sur l’époque dans laquelle on vit.

Priorités

Gabriel Nadeau-Dubois a mobilisé la jeunesse québécoise pour dénoncer la hausse des frais de scolarité.

Inspirés par Greta Thunberg, des élèves de partout au Québec ont fait la grève pour crier leur indignation face à la crise climatique en 2019 et 2021.

En mars 2020, dans quelques écoles de Montréal et de Québec, des étudiants se sont mobilisés pour réclamer le maintien des contenus multiculturels du cours Éthique et culture religieuse.

En octobre 2020, des élèves avaient séché leurs cours et organisé des sit-in pour se joindre au mouvement Black Lives Matter.

On pourrait parler des grèves de 1988 contre la réforme de la loi 101, de la mobilisation contre la présence de recruteurs militaires dans les écoles en 1983 ou encore des boycottages de 1974 pour dénoncer le manque de ressources dans les écoles secondaires.

Qu’on soit d’accord ou non avec la cause qu’ils défendaient, ces adolescents étaient engagés, portés par leur idéalisme, un certain sens de la justice sociale.

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• Sur le même sujet, regardez ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Nombril

En 2025, nos adolescents n’ont pas fait de boycottages ou de sit-in contre la guerre à Gaza ou en Ukraine, encore moins contre la hausse du coût de la vie qui saigne leurs parents ou l’injustice d’un système scolaire à trois vitesses.

Ils attendaient la cause parfaite, leur cause. Le cellulaire!

Voilà une cause digne de notre époque. Le droit fondamental de vivre sa vie par écran interposé, le droit d’interagir avec ses pairs sans jamais devoir lire la réaction sur leur visage quand on les taquine ou qu’on les insulte, le droit existentiel de régler des conflits à coup d’émojis.

Wow! Si au moins ils manifestaient pour les conditions de travail de ceux qui fabriquent leurs iPhone. Mais non, en 2025, on manifeste pour le droit de vivre dans sa bulle.

Alors, laissez-les sécher leurs cours, dénoncer, réclamer!

CQFD

Ces adolescents indignés ont certainement démontré à quel point ils sont accros à leur téléphone au point qu’ils ne peuvent envisager d’apprendre à s’en passer quelques heures.

Alors vivement leur grève. Et qu’on applique les codes de vie, sévèrement.

Tant qu’à les punir, imposons-leur une rédaction sur les mouvements étudiants qui ont changé le monde. Au minimum, ils élargiront leur culture générale. Dans le meilleur des cas, ils réfléchiront au sens de la vie.

Et non, côté panique parentale, la crainte de la dépendance aux écrans n’est pas la version moderne du rock’n’roll d’une autre époque. On ne faisait pas jouer à tue-tête les Rolling Stones dans les couloirs des écoles dans les années 60.

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