Un grand honneur pour l'écrivaine Hélène Dorion: ses poèmes sont réédités dans la collection NRF de Gallimard


Marie-France Bornais
Lauréate du Grand Prix de poésie de l’Académie française en 2024 pour l’ensemble de son œuvre, l’extraordinaire Hélène Dorion rappelle le lien entre l’intime et l’universel, explore toute une palette de sentiments, allant de l’inquiétude à la ferveur, dans les poèmes réunis dans un recueil publié dans la prestigieuse collection NRF de Gallimard, Un visage appuyé contre le monde et autres poèmes.

L’ouvrage, préfacé par la poète et essayiste Evelyne Gagnon, professeure de poésie à l’UQTR, réunit quatre recueils d’Hélène Dorion parus entre 1990 et 2000, pratiquement introuvables et enfin réédités: Un visage appuyé contre le monde; Sans bord, sans bout du monde; Les murs de la grotte; et Fenêtres du temps.
En entrevue pendant une tournée de promotion québécoise suivant une tournée de deux mois en France, Hélène Dorion parle avec joie de pleine présence, de liens et des pouvoirs presque magiques de la poésie.
La rencontre
Essayez de l’imaginer en train d’écrire... elle qui arrive à tout capter, à tout percevoir et à transposer en mots des sentiments et des ressentis très subtils.
Avec grande douceur, elle explique sa démarche. «Quand on travaille sa présence, quand on est vraiment entièrement là, dans cette rencontre avec le monde, cette rencontre avec soi-même, la rencontre avec l’autre, c’est comme si tout le champ des perceptions s’ouvre.»
«C’est un travail d’éclairage, l’écriture. Un travail de lucidité aussi. Et beaucoup de présence. C’est d’être ouvert à tout ce qui est là et qu’on ne perçoit pas forcément au premier abord.»
La pleine présence
Les poèmes d’Hélène Dorion relèvent-ils du courant de la pleine conscience, du mindfulness? Elle parle plutôt de «pleine présence et de lucidité».
«La première fois que j’ai médité dans ma vie, je me suis dit: ben voyons, ce lieu-là, je le connais, c’est le lieu où je vais quand j’écris! C’est un lieu qui embrasse la totalité de ce qui est, qui embrasse le passage, qui, à la fois, entend tout ce qui est là comme bruit, mais entend aussi le silence intérieur.»
Elle fait remarquer qu’il y a quelque chose qui se passe dans le travail du langage. «La poésie le déplace, crée des inconforts, crée des champs de bouleversements même. Elle nous déplace par rapport à notre habitude de langage, donc notre habitude de voir le monde. Elle nous permet de revisiter ce qu’on croit voir.»
Un effet apaisant
Hélène Dorion trouve que la poésie a un effet apaisant, au quotidien. «Ça me ramène à l’essentiel. Quand on est face à des grands bouleversements dans nos vies personnelles, comme quand on fait face à un deuil, à une rupture, c’est comme si, à ce moment-là, on savait ce qui était essentiel, ce qui nous définit comme être humain, ce à quoi on tient véritablement et ce qu’on peut laisser aller. Je pense que la poésie a ce même type d’accompagnement intérieur dans notre intimité, au sens premier du terme.»
Elle suggère de se laisser porter par la poésie et de laisser cette beauté venir à nous au lieu d’essayer de tout comprendre.
Le mode d’emploi svp? «Ralentis encore un peu. Pose-toi encore un peu à l’intérieur de toi. Laisse encore davantage le poème te rejoindre au lieu d’y aller avec cette accélération qui est celle de toutes nos vies. La poésie nous rappelle ce temps lent avec lequel on peut être, juste être, et qu’on n’a rien d’autre à faire que d’écouter ce que le poème veut rejoindre à l’intérieur de nous.»
Un visage appuyé contre le monde et autres poèmes
Hélène Dorion
Préface d’Évelyne Gagnon, professeure à l’UQTR
Éditions Gallimard, collection NRF
Environ 350 pages
- Hélène Dorion écrit de la poésie, des romans, des essais, des albums jeunesse qui sont publiés dans une quinzaine de pays et lui ont valu plusieurs distinctions.
- Elle a fait paraître plus de 35 ouvrages.
- Elle a obtenu le prix Athanase-David, la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec en littérature, en 2019.
- Avec son livre de poèmes Mes forêts, elle est la première femme vivante et première Québécoise au programme du baccalauréat français.
- En 2024, elle a reçu le Grand Prix de poésie de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre poétique.
- Pour connaître ses activités: helenedorion.com
«Il n’y a pas de commencement.
Depuis toujours, nous sommes
ces ombres au bord des pierres
qui désignent la clarté
un chemin, et la montagne où il mène.»
Hélène Dorion, Un visage appuyé contre le monde et autres poèmes, Éditions Gallimard, collection NRF
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