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L'article provient de TVA Sports
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Laine mérite mieux

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Photo portrait de Jean-Charles Lajoie

Jean-Charles Lajoie

2025-02-04T23:15:00Z
2025-02-04T23:19:57Z
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Je veux qu’on prenne le temps ensemble de reparler de Patrik Laine. Pour tout vous dire, je déteste ce qui se passe actuellement avec le grand Finnois. 

Rien à voir avec son jeu ou avec l’individu. C’est plutôt ce qu’on en fait dans l’espace public, sur les réseaux sociaux et dans les médias sportifs traditionnels.

Et ce qui me fâche davantage, c’est qu’avant la saison, je passais (encore) pour l’alarmiste de service lorsque je disais d’aborder la venue de ce superbe marqueur naturel avec philosophie.

Je connais Laine, pas personnellement mais par connaissances interposées. Laine est un être humain de grande valeur, un garçon taciturne que les millions sous lesquels il a été enseveli trop tôt ont failli corrompre à jamais.

Heureusement, ce ne fut pas le cas. Laine a rencontré la foi et elle a su voler à son secours dans des périodes troubles. Cependant une profonde énigme demeure. Un original, un gars différent pour demeurer poli tout en faisant simple, Laine détonne du joueur de hockey moyen traditionnel, ce qui est fabuleux.

Le hockey a besoin de jeunes hommes différents qui aborde la «game» autrement, des philosophes 2.0 à la Stéphane Richer qui avait laissé tomber le classique «Y’a pas juste le hockey dans la vie» avant de canonner un circuit retentissant sur un terrain de balle molle.

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Toutefois, Montréal étant ce qu’elle est, inimitable lorsque ça va bien et exécrable quand ça va mal, il m’apparaissait évident que le pari Laine comportait pour le Canadien une part de risque importante.

Je savais très bien que lorsque le marqueur naturel n’allait pas marquer pendant quelques matchs de suite, les commentaires acerbes allaient pleuvoir. Rapidement, on lui reprocherait son inertie inadmissible compte tenu de son gargantuesque salaire de 8,7 millions $ par saison. On hurlerait qu’à ce prix, il devrait au moins se grouiller le derrière et non afficher sa grande nonchalance dans le feu de l’action.

On finirait par dire que ses tenues vestimentaires affriolantes nous tapent sur les nerfs; ces trucs allaient nous plaire en autant qu’il compte des buts. Mais évidemment, Laine n’allait pas en inscrire 82 par année. Comme tous les marqueurs naturels, il allait connaître des léthargies.

Ça change vite

Étions prêts pour ça ? J’en doute. En quelques semaines, nous sommes passés de «Il faut retenir Laine avec une prolongation de contrat de 5-6 ans tout de suite» à «Il faudrait trouver une façon de se débarrasser de Laine le flanc mou avant la fin de son actuel contrat.»

Dans toutes ses évaluations approximatives, combien pèse la valeur des compagnons de trio de Laine ? Avant d’écarter un des cinq meilleurs francs-tireurs au monde, peut-on se demander si celui qui est chargé de le servir, de l’alimenter, effectue son travail ? Parce que la réponse est cavalièrement non ! Kirby Dach, qui ne sera probablement jamais un centre régulier d’autorité dans la Ligue nationale, n’a rien dans son coffre qui permette de nourrir la bête Laine.

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Et Alex Newhook n’a pas ce qu’il faut pour compléter le travail de fond, soit celui de se salir le nez sur 200 par 85, de sortir la rondelle du coin et de se tuer en repli défensif afin d’éviter que le trio en marque deux par match mais finisse toujours à -3.

Pour ces évidentes raisons, respirons par le nez concernant Laine. On ne doit pas mettre la pression sur Kent Hughes; il revient au directeur général de prendre acte, d’admettre que Dach et Newhook ne répondent pas à ses attentes fixées à leur acquisition et qu’il lui faut corriger le tir.

Laine mérite mieux. Ivan Demidov sera beaucoup mieux, mais sans un joueur de centre de qualité, la merveille russe ne fera pas de miracles.

D’ici là, Martin St-Louis a une responsabilité. Il contrôle le temps de jeu de son tireur d’élite et il doit faire preuve de sensibilité et de compréhension, car lorsqu’il cloue au banc Laine pendant toute une période moins 32 misérables secondes, il donne beaucoup trop de gaz à ses détracteurs.

Par ailleurs, j’ai hâte au jour où nous, partisans et observateurs, ferons de l’adoration plutôt que de l’envie et de la haine devant les grands talents de notre société et de notre club de hockey !

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