Laïcité: des écoles débaptisées


Geneviève Lajoie
Laïcité oblige, les symboles religieux et les références à la foi ne disparaissent pas seulement de l’accoutrement des profs, mais aussi progressivement du nom des écoles.
Au diable Saint-Louis, Saint-Roch ou Notre-Dame-de-Roc-Amadour. Les noms des établissements scolaires sont peu à peu remplacés par des appellations inspirées de la nature, de la faune ou de la situation géographique.
De nouveau au cœur de l’actualité, la loi 21 sur la laïcité de l’État a interdit aux enseignants d’afficher ouvertement leurs convictions religieuses. La loi adoptée par le gouvernement Legault ne forçait pas pour autant les établissements à décrocher les crucifix incrustés dans les murs depuis des lustres ou à débaptiser les écoles.
Mais la tendance à retirer les références au passé catholique du Québec dans le nom des établissements d’enseignement était déjà bien amorcée. Il en est même question dans le récent rapport d’enquête sur 17 écoles de la province pour des manquements à la laïcité.
«Malgré le fait que ces noms respectent les dispositions de la Loi sur la laïcité de l’État, certains centres de services scolaires ont reçu des demandes de changement de nom. Notamment, le CSS de la Capitale a mentionné aux vérificateurs qu’étant donné le nombre de demandes reçues, il a dû inviter le milieu à réfléchir et a mis en place un cadre de référence sur le changement de nom d’un établissement», peut-on y lire.
Des noms plus «neutres»
La porte-parole du Centre de services scolaire (CSS) de la Capitale, Jade Thibodeau, explique que certains milieux souhaitaient rendre la dénomination de leurs écoles plus «neutre». Mais ce mouvement est antérieur à la loi 21. Depuis 2011, ce CSS de la région de Québec s’est doté d’un encadrement pour mener à bien le processus de changement de nom.
C’est ce qui a permis à l’école Saint-Roch d’être rebaptisée l’école des Berges, à l’établissement scolaire Chanoine-Côté de devenir l’école Sans-Frontière et à l’école Notre-Dame-de-Roc-Amadour d’être renommée l’école secondaire de la Cité.
Exit les figures emblématiques de l’héritage catholique d’ici et d’ailleurs. Notons toutefois qu’il n’est pas question de la religion dans les critères à respecter ou à éviter pour modifier l’appellation d’un établissement d’enseignement. Mais le conseil d’établissement doit faire valider sa décision auprès de la Commission de toponymie et du ministère de l’Éducation.
La nouvelle dénomination doit notamment favoriser un sentiment d’appartenance et avoir un caractère signifiant, positif et de pérennité. Les noms de personnes vivantes ou décédées depuis moins d’un an doivent être évités.
C’est ainsi que les nouveaux établissements scolaires du coin inaugurés récemment ont opté pour des noms plus «neutres», comme l’école des Explorateurs, de la Myriade, de l’Étoile-du-Nord ou Stadacona.
Même chose à Montréal
Et le CSS de la Capitale n’est pas le seul. Plusieurs de ses pairs ont fait de même. À Montréal, l’école Saint-Louis située dans le Mile-End, connue pour son programme arts-études en art dramatique, se nomme désormais l’école Robert-Gravel, en l’honneur de l’homme de théâtre québécois.
L’école des Monarques a aussi remplacé les établissements Saint-Jean-Vianney et Marie-Rollet. Plus récemment, l’établissement Saint-Louis-de-Gonzague a troqué son nom inspiré du jésuite d’origine italienne pour celui de l’école Jean-Paul-Riopelle. C’est là que l’artiste québécois a été initié à la peinture.
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