L’agitateur montréalais Yves Engler veut se présenter à la chefferie du NPD

L’agitateur Yves Engler a été choisi par les membres du caucus socialiste du NPD comme leur candidat à la succession de Jagmeet Singh à un moment où le parti cherche à se reconstruire après des résultats calamiteux aux dernières élections. 

Résident de Montréal, l’auteur et militant s’est fait connaître par ses tactiques agressives, consistant le plus souvent à pourchasser les personnes qu’il veut prendre à partie en leur braquant un téléphone au visage.

Il lui est arrivé à plusieurs reprises de faire des coups d’éclat lors d’événements privés et publics, comme des conférences de presse ou des présentations, toujours avec un cellulaire à la main pour filmer la scène.

«Engler apporte à cette campagne un engagement sans faille en faveur de la paix mondiale, de la responsabilité démocratique, des droits des travailleurs et du socialisme», a fait savoir le caucus socialiste du NPD.

Même le NPD y a goûté

Auparavant très actif sur le front de l’environnement, Yves Engler est de toutes les manifestations contre le «génocide» des Palestiniens dans le cadre de la guerre à Gaza.

La liste des personnalités politiques et médiatiques qui ont goûté à sa médecine est longue. Des ministres Mélanie Joly et Steven Guilbeault à Valérie Plante et à Jean Charest, en passant par les chroniqueurs du Journal Richard Martineau et Joseph Facal, le militant ne se gêne pas pour «coincer» ses interlocuteurs afin de les bombarder de questions qui, selon lui, dérangent.

L’homme qui cherche aujourd’hui à prendre la direction du NPD a même pourchassé des élus... du NPD, incluant l’ancien chef Jagmeet Singh pendant la campagne et le nouveau chef par intérim, Don Davies, le mois dernier.

Engler fait aussi face à des accusations criminelles d'entrave à la justice et d'harcèlement envers une policière et une «influenceuse politique». Le Journal a révélé en 2022 qu’il faisait mousser la propagande du Kremlin au Canada.

Luttes internes à prévoir

C’est le caucus socialiste du NPD qui a approché Yves Engler et non l’inverse, a-t-on appris lors d’un panel en ligne, lundi. Il s'agit d'un groupe qui réunit les membres plus à gauche au sein du parti fédéral.

Son président et fondateur, Barry Weisleder, décrit l’organisation comme un «réseau» de «centaines de membres du NPD» dans un courriel au Journal.

Bien qu’il ne soit pas reconnu officiellement à l’échelle nationale, certaines de ses propositions ont été adoptées par le parti, comme celle de demander une hausse du salaire minimum à 20$ l’heure.

Le militant promet de s’attaquer au capitalisme et d’enrayer le secteur pétrolier au Canada, mais le moteur de sa course à la chefferie consistera à s’attaquer au «génocide» des Palestiniens, affirme Yves Engler.

«C’est un long shot, je ne suis pas naïf par rapport à ça, mais je crois [...] qu’il y a des centaines de milliers de Canadiens qui sont outrés par la participation du Canada aux crimes d’Israël», a-t-il dit.

Les règles de la course à la chefferie du NPD n’ont pas encore été rendues publiques, mais le parti a cruellement besoin d’argent. Dans ce contexte, il pourrait être tenté de fixer un prix d’entrée élevé pour renflouer ses coffres.

«Il n’y a pas de milliardaire qui va financer cette campagne», a reconnu Yves Engler.

Il n’est pas sûr non plus que les bonzes du NPD laisseront ce militant aux tactiques controversées devenir un candidat officiel.

Aucun autre candidat n’a publiquement manifesté son intérêt à ce jour, mais le nom de Heather McPherson, élue à Edmonton, revient régulièrement à l’avant-plan.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :