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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Nouveau revirement d’Elon Musk, qui propose à nouveau de racheter Twitter

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2022-10-04T17:02:27Z
2022-10-05T00:11:50Z
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SAN FRANCISCO | Elon Musk a de nouveau changé d’avis: le patron de Tesla a finalement proposé à Twitter de racheter le réseau social au prix convenu en avril, à deux semaines du procès prévu entre les deux parties sur cette acquisition mouvementée.

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L’homme d’affaires «entend conclure la transaction envisagée par l’accord de rachat du 25 avril 2022», selon les termes prévus, ont écrit ses avocats dans une lettre adressée au groupe californien lundi, et déposée mardi auprès du gendarme boursier américain, la SEC.

Seule condition exprimée dans la lettre: la fin des procédures judiciaires en cours devant le tribunal spécialisé du Delaware.

Le titre de Twitter prenait plus de 22% à la clôture de la Bourse de New York, après avoir été suspendu tout l’après-midi «en attendant des informations», après un article de l’agence Bloomberg qui a révélé ce rebondissement.

Elon Musk avait proposé au printemps d’acquérir la plateforme pour 54,20 dollars l’action, la valorisant donc à 44 milliards de dollars. Le conseil d’administration, d’abord très réticent, avait fini par accepter. 

Mais le fantasque entrepreneur était revenu unilatéralement sur cet accord en juillet. Twitter avait alors lancé des poursuites pour le forcer à honorer son engagement, et tout indiquait qu’il était bien positionné pour l’emporter.

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Mardi, le groupe a confirmé dans un bref communiqué «avoir reçu la lettre» et avoir l’intention «de conclure cette transaction» au prix défini.

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«X.com»

«C’est un signe clair que Musk reconnaît que ses chances de gagner [...] sont très faibles et que le rachat à 44 milliards allait devoir avoir lieu d’une façon ou d’une autre», a réagi l’analyste Dan Ives de Wedbush Securities.

Elon Musk avait bombardé Twitter de critiques avant et après la signature du contrat, accusant notamment la plateforme de censurer les utilisateurs.

Il avait justifié son retour en arrière en affirmant que la proportion de pourriels et de faux comptes sur la plateforme était largement supérieure à 5%, le chiffre avancé par l’entreprise de San Francisco.

  • Écoutez l'entrevue avec Ashkan Karbasfrooshan, Fondateur et président de WatchMojo à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9 h 05 via QUB radio :

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Le procès devait théoriquement se tenir du 17 au 21 octobre, mais il n’aura pas lieu si Twitter accepte cette nouvelle offre.

Le multimilliardaire n’a pas dit pourquoi il avait changé d’avis, mais s’est fendu d’un tweet cryptique: «Acheter Twitter est un accélérateur pour créer X, l’appli pour tout.»

X.com était une start-up de services bancaires en ligne cofondée par Elon Musk en 1999, intégrée par la suite à PayPal. Le patron de Tesla (voitures électriques), SpaceX (fusées) et Neuralink (implants cérébraux) a racheté le nom de domaine en 2017.

En août, interrogé sur Twitter sur la possibilité de créer son propre réseau social, il a répondu «X.com». 

«J’ai une sorte de grande vision pour ce que X.com ou l’entreprise X aurait pu être [...] Je n’ai pas besoin de Twitter, mais Twitter pourrait probablement l’accélérer de trois ans. Je pense que c’est quelque chose qui pourrait être très utile pour le monde», a-t-il aussi élaboré lors de l’assemblée générale de Tesla.

«Contrat blindé»

«Selon certaines spéculations, Musk aurait pu avoir à payer des intérêts substantiels s’il avait fait appel, et donc devoir débourser bien plus que les 54,20 dollars par action», commente Adam Badawi, professeur en droit des affaires à l’Université de Berkeley.

Le clan Musk semblait avoir gagné un point lorsque Peiter Zatko, l’ex-chef de la sécurité de Twitter licencié en janvier, a accusé à la fin août le groupe d’importantes failles de sécurité, dans un rapport remis aux autorités américaines. 

Mais lors d’audiences préliminaires, les avocats du multimilliardaire semblaient peiner à étayer les accusations sur les comptes automatisés.

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La balle est désormais dans le camp de l’oiseau bleu, qui va exiger «un contrat blindé cette fois-ci», estime Adam Badawi. «Ils vont vouloir que Musk avance une bonne partie de la somme totale» avant de signer, ajoute-t-il.

Quelque six mois après le début de la saga, la possibilité que l’homme le plus riche au monde devienne propriétaire de Twitter est donc de nouveau d’actualité, au grand dam de nombreux utilisateurs et politiques.

L’accord d’avril avait en effet été accueilli avec beaucoup d’émotions, des angoisses de la gauche à la joie de la droite à l’idée qu’Elon Musk assouplisse le règlement et la modération des contenus.

«La plateforme va devenir un moteur de radicalisation s’il applique ne serait-ce qu’une fraction de ce qu’il a promis», a déclaré Angelo Carusone, président de l’ONG Media Matters for America, dans un communiqué mardi.

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Une cour assidue, une rupture brutale, un retour de flamme: Elon Musk n’a cessé de souffler le chaud et le froid autour de son projet de reprise de Twitter, plateforme mondiale d’informations et d’influences.

La prise de participation

Le 4 avril, Elon Musk révèle dans un document déposé auprès de la SEC avoir acquis près de 73,5 millions d’actions ordinaires de Twitter, soit 9,2% de la valeur en Bourse de l’entreprise, qui s’envole à Wall Street.

Le lendemain, le directeur général du réseau social, Parag Agrawal, annonce que le patron de Tesla a intégré le conseil d’administration de Twitter, avant d’indiquer le 10 avril qu’Elon Musk a renoncé à y siéger.

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L’offre

Et pour cause, le fantasque homme d’affaires formule le 14 avril une offre de rachat de l’intégralité de l’entreprise au prix unitaire de 54,20 dollars par action. Il y indique qu’il s’agit de «sa meilleure offre et de son offre finale». Elle valorise alors Twitter à environ 44 milliards de dollars.

Twitter résiste d’abord. Mais le conseil d’administration du groupe finit par céder et annonce le 25 avril un accord définitif de rachat par l’homme d’affaires d’origine sud-africaine.

Levée de fonds

Le 29 avril, la SEC révèle que Musk a vendu pour 9,6 millions d’actions Tesla pour environ 8,4 milliards de dollars.

Le 5 mai, le dirigeant affirme avoir en outre sécurisé 7,14 milliards de dollars de financement, grâce à des investisseurs parmi lesquels le cofondateur d’Oracle Larry Ellison et le prince et homme d’affaires saoudien Al-Walid ben Talal.

Musk sème le doute

Puis l’affaire devient de plus en plus trouble. Elon Musk assure d’abord le 10 mai qu’il permettra à Donald Trump, qui avait été exclu de Twitter après avoir jeté de l’huile sur le feu lors de l’assaut de ses partisans sur le Capitole le 6 janvier 2021, de réintégrer le réseau social.

Le 13 mai, il indique suspendre le rachat à cause de son inquiétude quant au nombre réel de faux comptes sur le réseau social, faisant plonger l’action du groupe d’environ 20%.

Le 16 mai, à Parag Agrawal qui tentait d’expliquer sur Twitter les mesures prises pour lutter contre les faux comptes, il répond par un émoji en forme de crotte.

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Il menace une nouvelle fois le 6 juin de retirer son offre, car le réseau social «résiste activement» à ses demandes d’informations sur les pourriels et les faux comptes, ce que dément la plateforme.

Le 16 juin, il a un échange mitigé avec les employés de Twitter, assurant qu’il vise un milliard d’utilisateurs et insistant sur son ambition de réduire la modération sur le site, inquiétant les salariés.

Le renoncement

Enfin, le 8 juillet, le patron de Tesla et SpaceX informe Twitter qu’il met fin à l’accord à cause de «déclarations fausses et trompeuses» de la part de l’entreprise sur les faux comptes.

Le conseil d’administration de Twitter annonce dans la foulée une action judiciaire pour faire respecter les termes de l’accord.

Les poursuites sont lancées le 12 juillet devant une cour spécialisée en droit des affaires.

La présidente de la cour accorde à Twitter un procès rapide, contre le vœu d’Elon Musk qui voulait demander une quantité astronomique de données au réseau social.

Le mariage relancé

Le 4 octobre, à moins de deux semaines du procès qui devait s’ouvrir le 17 octobre, Elon Musk fait finalement savoir qu’il relance son offre, au prix qu’il avait annoncé en avril, 54,20 dollars l’action.

Le milliardaire ne détaille pas les raisons de ce revirement, mais certains l’imputent au mauvais tour que prendrait pour lui la procédure judiciaire.

Les échanges préliminaires au procès semblent montrer des difficultés du milliardaire à étayer ses accusations sur la prolifération de faux comptes.

Ce procès pourrait finalement ne pas avoir lieu.

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