L’accusé voulait éviter des canards: le jeune motocycliste n’aurait eu que quelques secondes pour réagir

Un jeune motocycliste aurait à peine eu le temps de réagir lorsqu’il a aperçu dans sa voie la camionnette d’un homme qui tentait d’épargner une famille de canards.  

• À lire aussi: L’accusé voulait éviter des canards: le motocycliste tué était un habitué des motos

• À lire aussi: Un motocycliste tué parce que l’accusé contournait des canards sur la route

Le 22 juillet 2019, Félix-Antoine Gagné circulait à moto sur la route 345 à Sainte-Élisabeth, dans Lanaudière. Il a percuté la camionnette d’Éric Rondeau, qui empiétait dans sa voie puisqu’il contournait une canne et ses six canetons.

L’homme de 47 ans est accusé de conduite dangereuse causant la mort. Son procès devant jury s’est ouvert lundi à Joliette.

Le drame s’est joué dans une courbe. Le motocycliste de 19 ans n’aurait eu que quelques secondes pour réagir, a témoigné l’expert en reconstitution de la Sûreté du Québec, Benjamin Bernier.

Pas pu le voir

Il a en effet calculé que deux secondes avant la trace de freinage effectuée par sa moto, Félix-Antoine Gagné n’avait probablement pas vu la camionnette devant lui.

Sur la vidéo de la collision présentée aux jurés, on aperçoit la moto de la victime freiner brusquement et déraper lorsqu’il remarque la présence de la camionnette.

Le Ford F-150 circule alors à très basse vitesse en sens contraire, soit à 18 km/h. La limite de vitesse est de 70 km/h.

Au moment du drame, la victime roulait plus probablement entre 90 et 100 km/h. Dans son rapport, l’expert Bernier dit qu’il aurait pu rouler jusqu’à 120 km/h.

Il n’a pas pu estimer avec exactitude sa vitesse, puisqu’il s’est notamment basé sur la vidéo de la scène. Et sur les images, on n’aperçoit la moto que quelques secondes avant la collision, sa distance parcourue n’est donc pas assez longue pour permettre un calcul de vitesse précis, a-t-il expliqué.

Roue bloquée

Or, selon les calculs de l’expert, si le motocycliste roulait à 90 km/h, sa moto a alors parcouru 25 mètres par seconde.

Et la première trace de freinage effectuée par la moto a révélé que la victime était alors à 38 mètres du lieu de collision.

En apercevant l’entrave sur sa voie, le motocycliste de 19 ans a eu le réflexe d’activer son frein arrière, causant un blocage de la roue.

Il a ensuite été éjecté de l’engin et a percuté de plein fouet le bas de la camionnette. La moto a dévié jusque dans le fossé.

Selon l’agent Bernier, lors d’une « apparition soudaine » sur la route, le temps de réaction est de moins de deux secondes.

La Couronne a clos sa preuve. La défense fera entendre son premier témoin lundi.