Lac Massawippi: une visite guidée des magnifiques Jardins de Glen Villa


Albert Mondor
Les Jardins de Glen Villa dominent le lac Massawippi, offrant une vue imprenable sur ce magnifique plan d’eau et sur les montagnes des Appalaches. D’une superficie de plus de 20 hectares, ces jardins situés au cœur des Cantons-de-l’Est bénéficient d’un climat particulier caractérisé par une humidité élevée et une couverture de neige abondante en raison de la proximité du lac.
Ces jardins ont été créés sur le site d’une ancienne auberge appelée Glen Villa Inn. C’est G. A. Lebaron, un entrepreneur local, qui fit bâtir Glen Villa Inn en 1902. À l’époque, il s’agissait de l’une des plus grosses auberges de la province de Québec. Haut lieu de villégiature, Glen Villa attirait alors des Américains qui venaient d’aussi loin que la Géorgie et le Texas. «Sans malaria et rhume des foins, sans moustiques et mouches noires», pouvait-on lire dans la documentation de l’auberge.

L’auberge Glen Villa a malheureusement été détruite par un violent incendie. Il ne subsiste aujourd’hui que les murs de fondation en ruine de l’ancienne villa. Les jardins de Glen Villa sont constitués de plusieurs aménagements rappelant la riche histoire du site créés par Patterson Webster, la propriétaire des lieux depuis maintenant près de trois décennies.
La passion de Mme Webster pour l’horticulture et les végétaux remonte à son enfance. Sa grand-mère, qui fut son inspiration première, possédait un jardin en Virginie où Patterson se rendait régulièrement. Durant sa jeunesse, son mari habitait une maison adjacente au terrain de Glen Villa Inn, d’où est venu leur désir d’acquérir cette propriété en 1996.
Jardin de cœurs
Créé comme s’il s’agissait des diverses pièces de l’ancienne auberge, un jardin appelé China Terrace qui rappelle le passé glorieux de Glen Villa Inn a été réalisé par Mme Webster. Cet aménagement est composé entre autres d’une reconstitution d’une chambre d’hôtel à partir de végétaux et d’artefacts, dont un vieux lit en métal couvert d’un édredon symbolisé par des plantes vivaces.

Pour créer cet aménagement, Patterson a imaginé l’histoire d’une jeune femme se rendant à Glen Villa Inn pour rencontrer son prétendant. Pour symboliser l’aspect très romantique et poétique de cette histoire, elle a planté autour du lit des végétaux, dont les feuilles ou les fleurs ont la forme de cœurs. Ainsi, on retrouve dans cet aménagement des plantes telles que l’asaret du Canada, le myosotis du Caucase, le cœur-saignant et l’arbre de Katsura.
De plus, lors de ses premières visites sur le site de ce jardin, Mme Webster a découvert des débris de porcelaine et divers artefacts, ce qui lui a donné le nom de China Terrace – china est un terme anglais qui veut dire porcelaine. Ainsi, l’escalier qui mène à ce jardin est composé d’une marche ronde dont le matériau principal est la porcelaine. Les morceaux de porcelaine sont disposés de façon à former le logo de Glen Villa Inn.

Pour Patterson, il était important de s’inspirer du riche passé de cet endroit pour la création des divers aménagements, mais aussi de lier l’histoire de sa famille avec celle du site en intégrant des éléments rappelant le passé de sa famille. Ainsi, Mme Webster a intégré à l’aménagement de la China Terrace la vaisselle qu’elle et sa famille utilisaient dans leur chalet il y a plusieurs décennies.
Inspiration asiatique
Mme Webster a été très marquée par les années où elle a habité en Chine. Elle s’est inspirée des jardins chinois pour créer divers aménagements dont un pré disposé le long d’un ruisseau constitué de diverses plantes d’origine asiatique tels que des iris du Japon, des primevères candélabres et un métaséquoia.
La primevère japonaise, aux fleurs rose magenta, occupe une place importante dans le pré d’inspiration asiatique. C’est probablement la plus connue des primevères candélabres et une des mieux adaptées au climat de l’Est du Canada, puisqu’elle est rustique jusqu’en zone 4. Cette primevère affectionne les sols très humides retrouvés aux abords des cours d’eau.

Lors de travaux de terrassement dans la partie nord-ouest de son domaine, Mme Webster se rend d’ailleurs compte que l’endroit où la pelle mécanique travaille se remplit d’eau rapidement. Le sol est parcouru par de nombreuses sources. Elle a donc décidé de laisser cet emplacement se remplir d’eau afin que s’y forme un étang. Une erreur qui s’est transformée en une véritable merveille!
Aux abords de l’étang, elle a fait installer une chaise qui crée une illusion d’optique étonnante et très humoristique. De loin, la chaise semble parfaitement proportionnée à son environnement, mais lorsqu’on s’approche, on se rend compte qu’elle est géante! Elle mesure environ 4 mètres de hauteur!
Sculptures
Artiste à ses heures, Mme Webster a installé sur son domaine plusieurs sculptures créées par elle-même ainsi que par divers autres artistes. Deux œuvres créées par Patterson attirent immédiatement l’attention. La première, appelée «Abenaki Walking», est composée de troncs d’arbres décorés de diverses matières, symbolisant les migrations estivales des peuples des Premières Nations Abénaquis aux abords du lac Massawippi. La seconde œuvre est un vieux tronc d’arbre entouré d’un morceau de gazon enroulé symbolisant un serpent.
À partir du pré d’inspiration asiatique, on peut voir une imposante sculpture appelée «Ascending Bridge». Elle est constituée des pièces d’un ancien pont couvert bâti en 1842 et détruit par un incendie en 2002. Les ponts couverts sont une partie importante de l’héritage culturel laissé par les premiers colons des Cantons-de-l’Est.
