Nouveau roman de Claire Bergeron: l’Abitibi dans les années 1930


Marie-France Bornais
Dans son nouveau roman Née sous une insondable étoile, Claire Bergeron, écrivaine passionnée, dépeint le quotidien opulent d’un couple de Colombie-Britannique avant de faire revivre la vie difficile des mineurs de l’Abitibi dans les années 1930. Avec son extraordinaire talent de conteuse, Claire décrit les conditions de travail pénibles et dangereuses des employés des mines et raconte leur inévitable soulèvement.
L’histoire débute à Vancouver en 1916. Auguste Destremont, un riche armateur, et sa femme, Rosalyne, forment un couple heureux auquel il ne manquait qu’un enfant pour être comblé.
Après 10 ans de mariage, Rosalyne donne naissance à une petite fille, Joséphine. De santé fragile, la maman aura recours à Florence, une nourrice qui vient elle aussi de donner naissance à un enfant, la petite Alice. Florence et Alice iront vivre chez Rosalyne pour lui permettre de reprendre des forces.
Un matin, c’est le drame chez les Destremont : Florence est étendue sur le plancher, assommée, et un bébé a été kidnappé. Commence alors une longue quête qui les mènera à l’autre bout du pays, dans les villes jumelles de Rouyn et de Noranda, en Abitibi.
Claire Bergeron, en entrevue, explique qu’elle a choisi d’ouvrir le roman en Colombie-Britannique, car c’est une province qu’elle connaît et adore puisque la famille de son gendre y a habité.
«Au début des années 1900-1920, il y avait une communauté française très importante en Colombie-Britannique, rappelle-t-elle. J’y suis allée à plusieurs reprises et c’est une très belle province.»
La guerre des «Fros»
Toutefois, l’action se déplace ensuite vers l’Abitibi. En faisant des recherches sur l’Abitibi et sur Rouyn-Noranda, Claire Bergeron a découvert la grève des «Fros» de 1934, qui fut sévèrement réprimée et ne dura que 10 jours. Mais 10 jours marquants.
«C’était des étrangers, surtout, qui travaillaient dans les mines. Il y avait même beaucoup d’Ukrainiens. D’ailleurs, dans mon roman, il y a des personnages ukrainiens. Ces gens qui travaillaient dans la mine n’étaient tellement pas reconnus... Ils demandaient un peu plus de confort dans les mines. Ils ont été retournés dans leur pays, où régnait la misère.»
Comme la justice est un de ses thèmes de prédilection, elle venait de découvrir là un bon élément de roman.
«Il y a eu des injustices terribles. À l’époque, les conditions étaient mauvaises: il y avait des accidents, des décès. Il n’y avait pas un grand respect pour les travailleurs sous la terre.»
L’amour... pour vrai!
Claire Bergeron qualifie son roman de «polar romantique»... puisqu’il y a également une grande histoire d’amour en plus du suspense. Cette fois, la composante romantique qu’elle intègre dans tous ses romans s’est transposée dans sa propre vie puisque l’amour s’est à nouveau présenté à elle.
«Cette année, il s’est produit quelque chose d’extraordinaire dans ma vie. On ne sait jamais par quel chemin l’amour va nous surprendre... ni à quel âge. Depuis sept ans, je vivais dans une solitude d’écrivaine très heureuse.» Mais une correspondance a changé la donne et Claire a fait la connaissance d’un poète-philosophe avec qui elle bâtit présentement une belle histoire d’amour.
Claire Bergeron a toujours dit que l’amour n’avait pas d’âge.
«Ça fait 15 ans que j’écris des romans avec des personnages en quête du grand amour. Et finalement, ça m’arrive, à moi, à 75 ans! Mon Dieu! C’est inspirant pour les gens. À 75 ans, tu peux encore vivre des choses extraordinaires : regarde, j’ai une carrière d’écrivaine et cet amour qui frappe à ma porte!»
- Claire Bergeron a touché des lecteurs de plusieurs continents avec ses romans, notamment Sous le manteau du silence et Les amants maudits de Spirit Lake.
- En 2016, elle a dirigé un collectif de nouvelles, Aimer, encore et toujours, qui présentait l’amour chez les personnes d’âge mûr.
- Son site web : clairebergeron.com
- Elle sera présente au Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue qui se tiendra du 25 au 28 mai.
EXTRAIT

«Du haut de son promontoire, l’armateur prospère pouvait apercevoir son cargo, le Sea Dragon, rentré d’Asie ce même jour, lourdement chargé de précieuses marchandises qu’il avait obtenues à des prix dérisoires au pays du soleil levant. Il s’agissait d’un commerce lucratif, la cargaison au complet était déjà vendue à de riches industriels. Toutefois, depuis le début de la guerre, il se montrait toujours inquiet lorsqu’un de ses navires prenait la mer. La visite du premier ministre de la province, John William Browser, au dîner de ce soir, n’avait rien eu pour le rassurer. Ce dernier souhaitait, pour ne pas dire exigeait, que ses navires soient mis au service du gouvernement. Du matériel de guerre devait être expédié outre-mer afin de soutenir leurs alliés en Asie et en Europe.»