La Ville de Lac-Delage poursuit le centre de vélo de montagne Empire 47
L’organisation dérogerait à la réglementation municipale, nuisant à la sécurité publique et à l’environnement

Valerie Lesage
La Ville de Lac-Delage s’adresse à la Cour supérieure pour obliger Empire 47, un centre de vélo de montagne très connu des amateurs d’un peu partout au Québec, à respecter la réglementation municipale.
Le Manoir du Lac-Delage et les Immeubles des Monts, qui louent des terrains à E47 sont aussi visés par l'action judiciaire.
Selon la demande introductive d’instance, E47 et les deux autres entreprises font un usage dérogatoire des terrains, ce qui nuit à l’environnement et à la sécurité dans la municipalité, notamment à cause d’un «achalandage monstre». Il est aussi allégué qu’E47 défie la réglementation en effectuant illégalement des travaux.
Dans un communiqué publié ce matin par la ville de Lac-Delage, il est souligné que l’aménagement des sentiers peut détruire la végétation et créer de l’érosion qui entraîne les particules vers les cours d’eau et le bassin de prise d’eau du lac Saint-Charles.
Ce dernier dessert 300 000 citoyens de la Ville de Québec.
Croissance fulgurante
Fondée en 2014, E47, qui se définit comme une organisation sans but lucratif, exploite des sentiers de vélo de montagne été comme hiver sur le territoire de Lac-Delage, de Stoneham-et-Tewksbury ainsi que de la ville de Québec. Bien que les sentiers soient majoritairement hors du territoire de Lac-Delage, l’accès se fait principalement chez elle.
De 23 000 visiteurs en 2017 à 127 000 en 2021, l’achalandage ne cesse de croître, ce qui crée beaucoup de tensions.
En 2017, puis trois fois en 2020, la ville de Lac-Delage a permis à l’organisation des aménagements temporaires, soit des annexes à son bâtiment d’accueil devenu trop petit. Ceux-ci devaient durer deux ans et au début de 2018, E47 avait présenté un projet d’aménagement d’un nouveau bâtiment d’accueil de 1,4 M$ sur le territoire de Stoneham-et-Tewksbury.
Ce bâtiment n’a jamais été construit et l’augmentation de l’achalandage chez E47 engendre une circulation routière trop importante au cœur de la municipalité de Lac-Delage, selon le communiqué. La pression sur les installations sanitaires pose aussi problème.
Les commerçants de la région bénéficient de l’affluence au centre de vélo de montagne.
«Surtout en été, c’est un client sur quatre qui vient ici pour le vélo de montagne [...] j’ose imaginer que ça va se régler et que tout va rentrer dans l’ordre, qu’ils vont trouver des solutions rapidement. Je ne vois pas comment ça pourrait être autrement», souligne la copropriétaire des Chalets Alpins.
«C’est vraiment important, parce que ça amène beaucoup de gens [...] beaucoup de touristes qui viennent. Donc, ces gens-là viennent visiter les commerces locaux. Ils encouragent énormément l’économie locale», témoigne pour sa part le propriétaire du Pasta Shop, Maxime Hamel.
Impacts majeurs
Par ailleurs, la municipalité considère qu’E47 contrevient aux usages réglementaires des terrains utilisés et sur lesquels seules des activités récréatives à faible impact sont permises.
«Les activités d’E47 dépassent largement la catégorie faible impact, notamment parce qu’elles s’adressent à une clientèle nationale et internationale», allègue la poursuite, ajoutant que très majoritairement, les utilisateurs du site proviennent de l’extérieur de la région de Québec.
La ville de Lac-Delage dit ne jamais avoir souhaité mettre un terme aux activités d’E47. Elle a tenté à plusieurs reprises dans les dernières années de discuter avec l’organisation pour s’assurer du respect de sa réglementation.
«En toute bonne foi, nous avions au départ fait confiance à l’organisme en autorisant la mise en place d’installations provisoires dérogatoires à notre réglementation pour permettre le début de leurs opérations», explique Guy Rochette, maire de la Ville de Lac-Delage, déplorant qu’E47 n’envisage plus d’installer son bâtiment d’accueil à Stoneham, comme prévu.
Devant le refus de coopérer, Lac-Delage demande à la Cour d’ordonner la démolition ou le déplacement des aménagements non conformes et la remise en état du site.
« À la vue des derniers week-ends et de l’achalandage monstre dans la ville, sans aucune mesure pour réduire le nombre de véhicules dans le stationnement, sans compter les travaux qui se poursuivent illégalement pour de nouvelles pistes, nous n’avons d’autres choix que d’aller de l’avant avec la poursuite judiciaire, à contrecœur, poursuit le maire. Pour que notre ville demeure un joyau de la nature, que notre lac demeure en santé, pour assurer l’équité et préserver la qualité de vie et la sécurité de tous, c’est la seule décision à prendre. »
Le Journal n'a pas été en mesure pour le moment de connaître la version d'Empire 47.
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