La vigueur de l’emploi, une très mauvaise nouvelle
Elle pourrait paradoxalement amplifier le ralentissement économique chez nous


Valerie Lesage
Le marché de l’emploi qui demeure robuste dans le contexte inflationniste pourrait plonger le pays dans une récession plus sévère qu’anticipé.
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Aux États-Unis, on vient d’annoncer la création de 517 000 emplois en janvier ; une performance qui paraît « invraisemblable », selon l’économiste en chef du Mouvement Desjardins, Jimmy Jean. Et c’est aussi une « fausse bonne nouvelle », notre économie étant liée de près à celle de notre voisin du Sud.

« Le taux de chômage chez nous pourrait monter moins que nous le pensons, reconnaît M. Jean. Si la situation de surchauffe se poursuit, il y aura des effets importants. »
« Ça pourrait provoquer une récession plus sévère que ce à quoi on s’attendait. »
Économies liées
Au Québec, Desjardins prévoit une augmentation de presque deux points du taux de chômage à 5,6 % à la fin de 2023, et à 7 % au Canada. Mais le marché de l’emploi ne montre pas encore de signes d’essoufflement. L’économie canadienne a créé 104 000 nouveaux emplois en décembre et le taux de chômage reculait à 5 %, proche de son creux historique.
Si le marché de l’emploi reste en surchauffe, il y aura plus de consommation et il est probable que les salaires soient aussi augmentés.
Comme la Banque du Canada est engagée dans une lutte contre l’inflation, avec l’objectif de la ramener proche de 2 % à la fin de l’année, elle pourrait vouloir augmenter à nouveau son taux directeur, ce qui augmentera encore les taux d’intérêt.
« C’est un risque à ne pas négliger, comme le risque que l’inflation nous surprenne encore », précise l’économiste Jimmy Jean.
- Via QUB radio, le spécialiste économique Yves Daoust revient sur le centre-ville, la récession possible et la caisse (tous les jours à 9h35)
Un remède trop fort ?
Tout est difficile à prévoir du fait que l’économie envoie des « signaux conflictuels » en ce moment. En même temps que les entreprises technos suppriment des postes, que l’industrie manufacturière tourne au ralenti, que les ventes au détail diminuent et que les ventes immobilières subissent un choc baissier, le marché de l’emploi reste très fort.
Selon M. Jean, les banques centrales pourraient néanmoins réagir trop fort aux signaux de surchauffe pour casser l’inflation.
« Le risque est qu’en voulant casser quelque chose, ça déboule de manière plus sévère qu’espéré dans le reste de l’économie », précise M. Jean
Le Mouvement Desjardins établit à 25 % la probabilité de tomber dans une récession plus sévère qu’anticipé.
Les autres éléments qui peuvent pousser l’inflation à la hausse sont liés au contexte géopolitique. La réouverture instantanée de l’économie chinoise pourrait faire grimper le prix des matières premières. Une escalade du conflit en Ukraine aurait aussi des impacts profonds, selon M. Jean.
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