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L'article provient de Le Journal de Montréal

La vie de Joe Dassin racontée par son fils

Photo fournie par L’ARCHIPEL
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Photo portrait de Louise Bourbonnais

Louise Bourbonnais

2025-07-20T05:00:00Z
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Les nostalgiques se rappelleront le célèbre chanteur franco-américain Joe Dassin et sa mythique L’été indien, qui ravivera de nombreux souvenirs auprès des Québécois. Décédé à seulement 41 ans, voilà qu’une nouvelle biographie vient de paraître, 45 ans après sa mort, signée par son fils Julien Dassin, qui tient à faire revivre la légende tout en départageant le vrai du faux au sujet de son père.

C’est avec émotion et surtout beaucoup d’authenticité que Julien Dassin a écrit une nouvelle biographie sur son père, Joseph Ira Dassin, et ce, même s’il ne l’a pas connu. Joe, comme il l’appelle, est décédé en 1980, lorsqu’il n’était âgé que de 5 mois. La musique de son père est néanmoins demeurée présente dans son univers tout au long de sa vie.

Photo d’archives
Photo d’archives

«Je connaissais Joe Dassin l’artiste comme tout le monde, mais pas Joe Dassin le père, confie le fils. Je connais par cœur la musique de mon père. J’ai grandi avec ses chansons, elles résonnent en moi depuis toujours, j’ai sa musique qui coule dans mes veines.»

Ainsi, pour arriver à écrire son livre, il a réalisé des recherches d’archives pendant des années, tout en questionnant des proches, des membres de la famille et des amis, tant du milieu artistique qu’à l’extérieur de ce cercle. «C’était important pour moi d’en savoir plus sur l’homme», souligne-t-il. Ainsi, avec son ouvrage, Julien ne tente pas d’embellir l’image de son père, mais plutôt de la transmettre telle qu’elle est.

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D’emblée, on comprend que si Joe a réussi dans le show-business, c’est qu’il a travaillé dur en plus de persévérer, car les débuts n’ont pas été faciles. «Il était hyper perfectionniste et exigeant», précise Julien.

Ses efforts ont été récompensés: Joe Dassin, à lui seul, a vendu plus de 50 millions d’albums.

Parmi ses succès, on retiendra Et si tu n’existais pas, Les Champs-Élysées, Salut les amoureux, L’Amérique, Si tu t’appelles mélancolie, Le jardin du Luxembourg et bien évidemment, son plus grand succès en carrière, L’été indien, sorti en 1975 et vendu à plus de trois millions d’exemplaires dans le monde.

Photo d’archives
Photo d’archives

En lisant cette biographie, on en apprend également sur Julien, qui est en quelque sorte un portrait autobiographique.

Son livre s’amorce au moment où sa mère, Christine, la femme de Joe, décède à seulement 46 ans en raison d’une crise d’asthme. Julien n’a alors que 15 ans. «Je suis devenu adulte à 15 ans», écrit-il.

Il étudie dans un pensionnat, une institution privée pour riches, le château de Chamousseau, qu’il compare à une prison. Le jour où il devient orphelin, les autorités viennent le chercher, dès lors, sa vie sera bouleversée.

Son frère part s’installer à Tahiti, il vit alors seul avec des gardiens à Feucherolles, dans l’immense demeure que son père a fait construire. Même si ses parents étaient en instance de divorce au moment du décès de Joe, sa mère a conservé la résidence que Julien qualifie de «maison maudite». Un chapitre entier est d’ailleurs consacré à cette demeure, source de nombreux malheurs. Elle aurait été à l’origine de multiples problèmes, culminant avec un incendie qui a nécessité sa quasi-reconstruction.

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La maison de son enfance était pratiquement une maison hantée selon lui. «Mon père n’a jamais été heureux dans cette maison», révèle l’auteur. Une fois orphelin, Julien réalise rapidement que les redevances des droits d’auteur de son père ne suffisent pas à payer l’électricité de cette demeure surdimensionnée. «J’étais perçu comme le fils de..., mais ce n’était pas si doré, ni si facile, admet le fils de Joe. Je me sentais comme un châtelain désargenté.» Il doit faire revivre le catalogue musical de son père pour survivre. Les impôts et les droits de succession le rattrapent. «On devient adulte avant l’âge», soutient-il.

Les défis financiers ne dureront que quelques années. «À ma majorité, j’ai touché 1,6 million d’euros investis dans l’immobilier et je touche entre 3500 à 7000 euros de royalties par mois, concède-t-il, en plus d’avoir vendu la “maison maudite” pour 90 millions d’euros.»

Photo d’archives
Photo d’archives

Une enfance pas comme les autres

Joe Dassin est né en 1938 à New York, et non en France, contrairement à la croyance populaire. Jeune, il apprend le piano et la guitare. Il déménagera ensuite avec sa famille à Los Angeles. Sa mère est violoniste et son père est le cinéaste Jules Dassin. Ils sont tous les deux américains. Joe fréquentera pas moins de 11 écoles, devant suivre son père constamment en tournage. Il déménagera en Angleterre, en Italie, et en Suisse notamment. Voyant ses parents divorcés, il décidera de s’installer à Los Angeles, où il étudie la médecine, fait de la figuration au cinéma et envisage l’écriture pour finalement se tourner vers la musique. Le succès sera long avant d’aboutir.

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Sa vie adulte n’est pas monotone non plus, il voyage constamment pour ses spectacles aux États-Unis, en Europe et au Québec.

Sa carrière a néanmoins connu des hauts et des bas. Lorsque sa carrière a décliné, Joe et sa femme, Christine, ont plongé dans l’enfer de la drogue, et sa dépendance à la cocaïne a modifié son caractère, devenu difficilement gérable, selon ses proches. Joe a d’ailleurs été arrêté et inculpé à la fin des années 1970 pour possession de 200 g de cocaïne.

Amoureux de la Polynésie

On apprend que Joe était un grand amoureux de la Polynésie française. En plus de s’y être rendu à plusieurs reprises, il a acheté une petite île isolée en face de Bora Bora pour y construire son dernier refuge, un véritable havre de paix. D’ailleurs, Julien et son frère, Jonathan, ont hérité de cette île sans y bâtir quoi que ce soit.

Fait moins connu, Joe Dassin avait la santé fragile. Il a multiplié les malaises cardiaques. L’alcool, le stress et les drogues ont ajouté au problème.

Joe Dassin meurt à la suite d’un infarctus en août 1980, à 41 ans, au restaurant Chez Michel et Éliane, à Papeete, à Tahiti, attablé avec ses enfants et amis. Julien était alors dans sa poussette. Un médecin sur place tente un massage cardiaque, en vain.

Sa dépouille sera rapatriée à Los Angeles, où il sera inhumé.

Photo fournie par L’ARCHIPEL
Photo fournie par L’ARCHIPEL

Il était une fois nous deux: Joe Dassin, mon père

Julien Dassin

Éditions de l’Archipel

206 pages + cahier photos

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