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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

La victoire n’est pas dans la poche pour le « vire-capot » caméléon Éric Lefebvre

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Photo portrait de Antoine Robitaille

Antoine Robitaille

2025-04-03T04:00:00Z
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Chaque semaine, durant la campagne électorale fédérale, notre chroniqueur politique Antoine Robitaille prend le pouls des électeurs de plusieurs régions du Québec particulièrement touchées par la guerre tarifaire initiée par Donald Trump.


« Ça ne sera pas possible » : j’ai eu beau passer deux jours dans Richmond-Arthabaska (RA), c’est la seule réponse obtenue du Parti conservateur, pour ma demande d’entrevue avec Éric Lefebvre.

Hier, sur ses réseaux, le candidat publiait pourtant une image de lui en conversation avec un collègue de TVA : « Toujours un plaisir de collaborer avec les médias d’ici ! »

Photo Antoine Robitaille
Photo Antoine Robitaille

J’en ai pris ombrage, je l’avoue. Surtout qu’ici, dans cette campagne, Lefebvre est un des points d’attention principaux.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Le Caméléon

Jusqu’au 16 avril 2024, il occupait le poste névralgique de whip du gouvernement Legault à Québec. Mais ce jour-là il annonça sa prochaine candidature conservatrice et son retrait du caucus caquiste.

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Le traitement que Poilievre a réservé à Alain Rayès pourrait nuire à la candidature de Lefebvre.
Le traitement que Poilievre a réservé à Alain Rayès pourrait nuire à la candidature de Lefebvre. Photo Antoine Robitaille

Député apprécié (il a l’appui de plusieurs maires du comté), Lefebvre a toutefois suscité des haussements de sourcils en continuant de siéger comme indépendant à Québec pendant presque un an. (J’ai moi-même écrit qu’il aurait dû laisser son siège.) Ses adversaires actuels ne se privent pas de rappeler qu’il est depuis 338 jours « en précampagne dans son comté aux frais de l’Assemblée nationale ». Problème d’« éthique grave », insiste Daniel Lebel, candidat du Bloc Québécois et ex-président de l’Ordre des ingénieurs, lors d’une promenade sur rue Notre-Dame Est, mercredi. « Je l’haïs pas, mais c’est un vire-capot », s’amuse Jacques Therrien, camionneur retraité, croisé au Tim Hortons du Boulevard des Bois-Francs.

« Lefebvre est un vire-capot », s’amuse Jacques Therrien, camionneur retraité, croisé au Tim Hortons du Boulevard des Bois-Francs.
« Lefebvre est un vire-capot », s’amuse Jacques Therrien, camionneur retraité, croisé au Tim Hortons du Boulevard des Bois-Francs. Photo Antoine Robitaille

Fait cocasse, M. Lefebvre a déjà été propriétaire, à Victoriaville, d’un bar nommé le Caméléon. Être député ne fut qu’une des incarnations de cet entrepreneur. Il a entre autres été pompier et candidat défait à la mairie en 2009, contre celui qui devint par la suite son ami, Alain Rayès.

Le poids de Poilievre

En 2015, Rayès fut élu sous la bannière conservatrice à Ottawa. Mais lors de la dernière campagne à la chefferie du PC, il a appuyé Jean Charest et vertement dénoncé « la haine et la colère que propage » Pierre Poilievre. Une fois à la tête du parti, le nouveau chef et son équipe ont tout fait pour l’évincer. À partir de septembre 2022, il siégera comme indépendant à la Chambre des communes.

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• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

« Dans Arthabaska, tout le monde a un bon souvenir de Rayès », le maire, puis député fédéral, me raconte l’ancien stratège Claude Raymond, rencontré au café Dyyb’s, rue Notre-Dame. Le traitement que Poilievre a réservé à ce « héros de Victo » nuit à la candidature de Lefebvre : « Je sens qu’Éric est stressé par ça », me confie une source qui connaît très bien le PC pour y avoir été engagée.

L’ancien journaliste Richard Lacoursière et le stratège Claude Raymond discutaient politique au café Dyyb’s.
L’ancien journaliste Richard Lacoursière et le stratège Claude Raymond discutaient politique au café Dyyb’s. Photo Antoine Robitaille

En plus, le comté a une base bloquiste forte. André Bellavance avait réussi à garder son siège dans la vague orange du NPD de 2011. Et voilà qu’une autre déferlante se profile, rouge « Carney » celle-là, dopée par les agressions tarifaires trumpiennes. Le PLC vient de nommer candidat Alain Saint-Pierre, qui jouit d’au moins un appui important : l’ancienne députée du PLQ dans Richmond, Karine Vallières.

La victoire d’Éric Lefebvre, quasi assurée lors de son retrait du caucus caquiste en avril 2024, n’est donc plus du tout dans la poche.

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