Le VG confirme que les routes du Québec sont encore en déroute

La moitié du bitume appliqué sur les routes du Québec est en décrépitude et les sommes requises pour redresser la situation explosent, atteignant maintenant plus de 10 milliards $ simplement pour refaire l'asphalte sur les routes.

Le Vérificateur général du Québec s’est penché sur l’état des routes du Québec en se concentrant sur les 31 000 kilomètres de chaussées qui s’étirent sur le réseau routier supérieur du gouvernement du Québec, excluant les structures. 

Le constat est catastrophique malgré les investissements des dernières années: 8075 km de route ont atteint la fin de leur durée de vie et requièrent des travaux de réhabilitation majeurs, relate le document déposé ce matin à l’Assemblée nationale. 

«Elles ont besoin d’interventions correctives, mais les travaux de conservation réalisés sont insuffisants, si bien que le déficit de maintien d’actifs des chaussées du réseau routier est en croissance», indique le rapport.

Ce déficit, explique l’équipe de la vérificatrice Guylaine Leclerc, a augmenté de 3 G$ entre 2018 et 2022, soit depuis l'élection de la Coalition Avenir Québec. Il atteint maintenant 10 G$. Il s’agit du quart de l'ensemble du déficit des maintiens d’actifs gouvernementaux, et ce, pour l’asphalte, le béton et le gravier qui tapissent les routes. 

Or, le VG explique que le ministère de Geneviève Guilbault «ne dispose d’aucun modèle de projection de l’effet qu’auront la dégradation naturelle» et les nouveaux constats sur l’évolution de ce déficit. 

En prime, le gouvernement Legault a modifié en 2022 la manière de calculer ce déficit, ce qui lui permet d’embellir le portait.

«Sans ces modifications aux paramètres de calcul, le déficit de maintien d’actif estimé en 2022 aurait donc été de 11,0 milliards de dollars au lieu de 10,2 milliards», signale le rapport. 

Ainsi, le VG n’est donc pas en mesure d’évaluer les niveaux d’investissement nécessaires pour maîtriser cette évolution. 

Aussi, seulement pour 2022, le MTQ a sous-évalué son déficit de 247 millions $, estime l’organisation.

Lourd fardeau

Le piètre état des chaussées du réseau routier représente maintenant près de 29% du déficit d’entretien du Conseil du trésor. 

«Et celles qui sont en mauvais état feront l’objet de travaux palliatifs, qu’on appelle. Donc, c’est des travaux qui sont temporaires, qui ne corrigent pas la situation de façon permanente, mais qui sont palliatifs, comme le dit le mot, qui sont temporaires», a expliqué Mme Leclerc. 

Lors du budget 2023, le déficit total pour l’ensemble du réseau routier, en incluant les structures, atteignait 20 G$.

Un mystère persiste également sur les sommes réelles qui devraient être prévues pour réparer les chaussées, car elles ne tiennent pas compte de la dernière année secouée par l’inflation.

En février dernier, le ministre des Infrastructures, Jonatan Julien, avait déclaré que tous les projets majeurs d’infrastructures seraient victimes de la surchauffe dans le secteur de la construction. Il donnait l’exemple du pont de l’Île-aux-Tourtes, à Montréal, qui allait coûter 2 G$, soit 45 % plus cher que prévu.

Par ailleurs, note le VG, «certains travaux de réhabilitation des chaussées qui favoriseraient la pérennité du réseau routier ne sont pas planifiés, tandis qu’une portion importante de ceux qui sont planifiés finit par être reportée.»

 La ministre Geneviève Guilbault a fui les médias après la période de questions jeudi. Son directeur des communications a écrit que le cabinet prend acte du rapport du VG. 

«La ministre Guilbault travaille sur un plan d’action afin de corriger les lacunes soulevées par le VGQ. L’an dernier, ce sont 7,4 G$ d’investissement que nous avons annoncés afin d’assurer le maintien et l’amélioration des réseaux de transport routiers, maritimes, ferroviaires et aéroportuaires. En 2022, 1478 km de route ont été touchés par des travaux routiers», a-t-il signalé.

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