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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

La trahison électrique

Hausses de tarifs en 2027 pour les véhicules électriques

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Photo portrait de Francis Gosselin

Francis Gosselin

2025-03-27T04:00:00Z
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En matière d’électrification du parc automobile, il y a quelque chose d’indécent à trahir, du jour au lendemain, sa propre parole, et ce faisant, ses propres contribuables.

Le budget Girard, paru plus tôt cette semaine, fait pourtant exactement ça.

Comme beaucoup de Québécois, j’ai fait mon effort pour électrifier le parc automobile et réduire nos émissions.

Au cours des 10 dernières années, le gouvernement du Québec a martelé à tout vent que l’heure était grave et qu’il fallait troquer sa voiture à essence pour une voiture électrique.

On a fait miroiter aux manufacturiers une interdiction totale des véhicules à essence d’ici 2035. Ceux-ci s’y sont farouchement opposés.

On a antagonisé bien du monde. Tordu le bras à d’autres. Très fortement incité quelques hésitants.

Répéter inlassablement aux gens de faire quelque chose, pour ensuite les coincer avec de nouvelles taxes et des impôts; ce n’est rien de moins qu’une trahison politique.

On retiendra de ce cafouillage que lorsque le gouvernement manque de fonds, il n’hésitera pas à se comporter en prédateur.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

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Ça commence par un tour de magie

Pour réussir cet acte de prestidigitation, on a dépensé, à coup de généreuses subventions, plus d’un milliard de dollars pour inciter les gens à faire le saut vers l’électrique.

En plus des subventions, on a instauré la gratuité des péages, des subventions à l’installation de bornes, des stationnements incitatifs; on a mis le paquet.

Il est sensé de «partir la machine» en créant une masse critique de voitures et de bornes électriques sur nos routes. Plus d’autos, plus de bornes; plus de bornes, plus d’autos. Mais la machine, hélas, est loin d’être vraiment partie. En dix ans, le nombre de voitures électriques en circulation au Québec est passé de zéro à près de 5% du parc automobile québécois. C’est bien beau, mais en même temps, nettement insuffisant.

Le tour de magie s’est interrompu avant même d’avoir commencé.

Improvisation

Quand l’économie va mal, l’environnement, ce n’est soudainement plus très important. Au diable nos enfants, ils se démerderont le moment venu.

À preuve, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a reçu, cette année, une belle augmentation de budget de... 0%.

On voit le sérieux de la chose.

Pour les voitures électriques, les subventions, arrêtées sans préavis il y a quelques semaines, sont relancées, mais personne ne peut dire pendant combien de temps elles dureront.

Improvisation un jour, improvisation toujours. D’un chèque de 500$ à l’autre, l’improvisation, c’est d’ailleurs en train de devenir la marque de commerce caquiste.

Non content d’entretenir la confusion, le gouvernement Legault décrète de nouvelles taxes et pénalités. Il s’attaque spécifiquement à ceux et celles qui ont suivi ses recommandations, décrétant simultanément de nouveaux droits d’immatriculation et la fin de la gratuité des péages.

On imagine un couple de Terrebonne qui s’est acheté deux voitures électriques. Puis, dans la même année, on apprend l’imposition d’une taxe pour le transport en commun (100$ par voiture) et d’une taxe pour les routes (125$ par voiture), la fin de la gratuité des péages sur l’A-25 (3,40$ par passage, deux fois par jour) et, pour arrondir, l’ajout d’un petit 1% de plus sur les assurances (40$).

Résultat des courses: 2500$ et plus, par année, pour Eric Girard. Autant de moins dans leurs poches.

Ce budget, c’est le portrait d’un peuple étouffé par la fiscalité, qu’on ne cesse de ponctionner davantage.

Pour un gouvernement qui se targuait d’avoir diminué les impôts, voilà le triste résultat. Donner d’une main, reprendre le double de l’autre.

Le piège se referme. La trahison est complète.

Les citoyens, captifs, payeront.

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