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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

La trahison de Blunt: Elizabeth était au courant

La reine Elizabeth II avec sir Anthony Blunt lors d’une exposition d’art à Londres en 1979.
La reine Elizabeth II avec sir Anthony Blunt lors d’une exposition d’art à Londres en 1979. Photo d'archives Getty images
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Photo portrait de Normand Lester

Normand Lester

2025-01-16T05:00:00Z
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Des documents déclassifiés publiés lundi par le gouvernement britannique affirment que la reine Elizabeth II ignorait qu’un membre de son entourage, Anthony Blunt, était un espion du KGB. Elle le savait parfaitement! C’est un dossier que je suis depuis des décennies.

Selon les documents du MI5, le service du renseignement intérieur, la reine n’a appris sa trahison que beaucoup plus tard. C’est une pieuse contre-vérité pour protéger la mémoire de la défunte reine. D’ailleurs, les documents précisent que lorsqu’on l’a informée que Blunt espionnait pour les Soviétiques, elle a réagi «très calmement et sans se montrer surprise».

Blunt avait été recruté à l’université de Cambridge par Kim Philby dans le réseau d’espionnage soviétique le plus notoire du XXe siècle. La reine a autorisé Blunt à conserver sa position au cœur de l’establishment britannique – conservateur des collections royales – par crainte que la famille ne soit éclaboussée si la vérité était rendue publique. Anthony Blunt était proche de la mère de la reine Elizabeth II, la reine Mary. Il a même été fait chevalier pour ses services en 1956 alors que sa trahison était connue au palais. C’est que Blunt détenait des informations compromettantes sur les Windsor.

Hitler et le duc de Windsor

Quand le régime nazi s’effondre en 1945, il est dépêché en Allemagne pour récupérer des documents embarrassants: des lettres écrites par le duc de Windsor à Hitler et d’autres preuves accablantes de la complicité du duc avec le régime nazi. Le duc et d’autres membres de la famille royale britannique d’origine allemande avaient des sympathies nazies.

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Hitler veut le remettre sur le trône une fois la Grande-Bretagne vaincue. Le contenu des dossiers récupérés par Blunt n’a jamais été divulgué. On pense qu’ils révéleraient l’existence d’intelligences beaucoup plus longues et plus incriminantes du duc avec les Allemands, intelligences qui auraient même précédé son accession au trône.

À la demande du Palais de Buckingham, le contre-espionnage britannique enterre l’affaire. En contrepartie de ses aveux, Blunt obtint l’immunité complète. La famille royale et les autorités britanniques cacheront sa trahison jusqu’en 1979. La première ministre Margaret Thatcher la révélera finalement aux Communes alors que des médias s’apprêtaient à le faire.

Dans les minutes qui suivent la déclaration de Thatcher, Elizabeth, avec une hypocrisie insigne, renvoie Blunt du palais et le déchoit de son titre de chevalier. Anthony Blunt s’est éteint en 1983 sans avoir à répondre de sa félonie ailleurs que dans les médias.

L’immunité pour les «Royals»

Lorsque des membres ou des proches de la famille royale sont impliqués dans des activités criminelles, les services de police britanniques sont réticents à intervenir. Déclarant que l’affaire n’était pas de son ressort, Scotland Yard a refusé d’ouvrir une enquête sur les allégations d’une mineure, Virginia Giuffre, qui affirmait avoir été contrainte à des relations sexuelles avec le prince Andrew à Londres dans l’Affaire Epstein en 2001.

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