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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

La tolérance de la Caisse envers SNC-Lavalin

Ian L. Edwards, PDG de SNC-Lavalin, est mieux rémunéré que Neil Bruce, son prédécesseur, malgré le fait que la multinationale a fini 2020 dans le rouge.
Ian L. Edwards, PDG de SNC-Lavalin, est mieux rémunéré que Neil Bruce, son prédécesseur, malgré le fait que la multinationale a fini 2020 dans le rouge. Photo Chantal Poirier
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Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2021-11-11T10:00:00Z
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Motus et bouche cousue de la Caisse de dépôt et placement du Québec face cette fois au discours totalement unilingue anglais ou presque que prononcera lundi prochain le PDG Ian L. Edwards de SNC-Lavalin devant le Cercle canadien, à Montréal.

Alors que la Caisse avait publiquement réprimandé la semaine dernière Michael Rousseau (PDG d’Air Canada) pour son discours unilingue anglais devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et ses propos anti-français, elle reste silencieuse face à l’unilinguisme du PDG de SNC-Lavalin.

Dixit le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon : « Nous n’avons pas l’intention de commenter ce débat au cas par cas », a-t-il répondu à mon collègue Olivier Bourque.

Le refus de la Caisse de commenter l’unilinguisme du grand patron de SNC-Lavalin ne me surprend aucunement. Voici pourquoi.

Il faut savoir que la Caisse est le plus important actionnaire de SNC-Lavalin, avec 19,9 % des actions ordinaires en circulation.

Tout commentaire de la part de la Caisse peut, évidemment, avoir de l’influence sur les investisseurs et par le fait même, sur le comportement du titre de SNC-Lavalin en Bourse.

Dans le cas d’Air Canada, les commentaires négatifs du président et chef de la direction de la Caisse, Charles Émond, envers son PDG Michael Rousseau, ont été lancés sans crainte de représailles de la part des actionnaires d’Air Canada. Pourquoi ? Parce que la Caisse de dépôt ne détient aucune action de notre géant transporteur national.

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Ainsi, pour le grand patron de la Caisse, c’était moins contraignant à ce moment-là d’émettre le commentaire suivant sur Air Canada : « Ce n’est pas dans nos habitudes de commenter sur les PDG des sociétés, mais en un mot, les déclarations d’hier [de Michael Rousseau] étaient inacceptables. Comme Québécois, on a ressenti de la provocation », a affirmé jeudi dernier Charles Émond.

Muette sur la paie du PDG

Face au Groupe SNC-Lavalin, la Caisse fait preuve d’une étonnante tolérance.

Le printemps dernier, par exemple, la Caisse a refusé de se prononcer sur l’augmentation de la rémunération de Ian L. Edwards et de ses collègues de la haute direction de SNC-Lavalin lors de la pandémique année 2020.

Pourtant, la Caisse de dépôt a vilipendé Bombardier et Gildan pour avoir haussé la rémunération de leurs dirigeants en 2020.

Mais devant SNC-Lavalin, la Caisse reste indulgente, n’ayant notamment rien à redire sur l’alléchante rémunération de plus de 8 millions de dollars qui a été consentie au PDG Ian L. Edwards, soit une rémunération supérieure à celle de son prédécesseur Neil Bruce, alors que l’entreprise a fini 2020 dans le rouge.

Et qu’en plus, SNC-Lavalin avait effectué des centaines de mises à pied et même encaissé, par surcroît, des dizaines de millions de dollars en subventions publiques.

Silence sur le siège social

Autre cas où la Caisse, sous la direction de Charles Émond, avait refusé de s’impliquer dans un dossier chaud concernant SNC-Lavalin : la Caisse avait voté contre la proposition du Médac voulant que le conseil d’administration (CA) de SNC-Lavalin s’engage à conserver le siège social de la société au Québec.

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La Caisse a voté contre sous prétexte que le CA de SNC-Lavalin s’était formellement engagé à la suite d’un investissement majeur de la Caisse à conserver le siège social à Montréal jusqu’en juillet 2024.

Mais à compter d’août 2024, le CA de SNC-Lavalin pourrait décider de déménager les pénates de son siège social ailleurs au Canada, tel que le stipule l’article 2 du « Règlement 2005-1 » de la société : « La Société peut quand elle le juge opportun... changer le lieu où le siège social est situé à une autre province au Canada. »

Un CA peu québécois

Le conseil d’administration de SNC-Lavalin a indiqué dans le passé que « nous sommes déterminés à demeurer une société canadienne mondiale établie à Montréal et ayant son siège social au Québec ».

Où est la garantie ? Nulle part !

Et fait important à se rappeler : sur les 10 membres du conseil d’administration de SNC-Lavalin, quatre viennent des États-Unis, trois de Toronto et trois de Montréal, dont deux francophones et un anglophone, l’Écossais Ian L. Edwards, le grand patron de la société.

L’appartenance et l’attachement au Québec quand on retrouve sur le conseil d’administration de SNC-Lavalin seulement deux Québécois francophones sur les 10 membres, ça reste extrêmement fragile !

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