Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Techno

«La technologie est là, elle existe» : la détection d’armes grâce à l’IA s’invite au Québec

Partager

Désiré Kafunda

2024-05-20T11:00:00Z
Partager

Détecter des armes à feu grâce à des caméras couplées à l’intelligence artificielle (IA) est désormais une réalité au Québec. La technologie, qui est actuellement utilisée dans plusieurs lieux publics aux États-Unis comme dans le métro de New York, est adoptée timidement dans la province. 

Sirix, une entreprise spécialisée dans les services de sécurité à Laval, affirme avoir utilisé la technologie lors d'évènements publics récents.

«C’est tout récent. Les demandes sont venues dans les derniers 6 à 12 mois», explique le PDG de l’entreprise, Daniel Cyr.

Il souligne que la poignée de demandes reçues concerne essentiellement des évènements qui mènent à des «rassemblements» et qui requièrent «des systèmes de sécurité pour faire de la surveillance de foule». Ce genre de technologie pourrait être utilisée lors de festivals extérieurs où des milliers de personnes sont attendues, illustre-t-il.

Système fiable?

L’Agence QMI a assisté à une démonstration que Daniel Cyr et son équipe ont réalisée afin de prouver que l’IA peut réellement détecter les armes à feu.

Publicité

Un employé muni d’une fausse arme à feu passe devant les caméras dopées à l’intelligence artificielle. L’arme est repérée en quelques secondes à peine.

Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA
Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA

Une alerte est envoyée à l’ordinateur de l’opérateur chargé de la sécurité, ainsi que sur le téléphone de M. Cyr.

Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA
Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA

Il nous montre alors la vidéo qui présente un objet «suspect», soit une arme identifiée par un carré violet.

«Aujourd’hui, c’est rendu très fiable. On est ici pour éliminer le risque. Oui, il peut y avoir de fausses alarmes, cependant, elles sont validées par des opérateurs humains. C’est ce qui rend le résultat très concret, très fonctionnel», explique-t-il.

La tendance au Québec

M. Cyr affirme ne pas avoir vu beaucoup de compagnies qui offrent de la détection d’armes avec l’IA au Québec pour l’instant.

«On n’a pas beaucoup de compétition. Cependant, aux États-Unis ou dans d’autres pays, il y a beaucoup plus de joueurs qui font le même type de travail que nous faisons», souligne-t-il.

Pour le chercheur en intelligence artificielle Christian Gagné, la détection des armes avec l’IA n’est pas encore une priorité au Québec.

«On n’est pas prêts à y aller» parce qu’on n’a pas les mêmes enjeux de violence armée qu’aux États-Unis ou ailleurs, estime le chercheur.

«On va se concentrer sur d'autres usages [de l’IA] qu'on espère bénéfiques autant que possible. Par exemple, en santé, dans l'amélioration des capacités de travail des gens ou dans l'éducation», ajoute-t-il.

Pour le spécialiste des nouvelles technologies et des médias numériques Bruno Guglielminetti, il ne faut pas hésiter à utiliser la technologie, puisqu’elle existe.

Publicité

«S’il y a des organisateurs, des Villes, des entreprises, des lieux publics qui ont des craintes par rapport à ça, c’est une fonctionnalité sur laquelle il faut embarquer. Ce n’est pas plus compliqué que ça [...]. La technologie est là, elle existe», croit-il.

«Big Brother»

Chez nos voisins américains, la détection des armes à feu est primordiale étant donné les enjeux liés à la violence armée.

La Ville de New York s’est associée à Evolv, une entreprise spécialisée dans les technologies de sécurité pour placer des scanneurs portables dotés de l’intelligence artificielle aux tourniquets du métro. Lorsqu'une arme est détectée, le dispositif contacte directement les autorités.

La même chose se fait dans des écoles aux États-Unis, ce qui laisse M. Gagné perplexe.

«C'est sûr que le déploiement de ce genre de système de surveillance soulève des enjeux importants», dit-il, tout en précisant qu’il peut être «très intrusif».

Le chercheur émet une certaine réserve face aux systèmes de surveillance, puisque les entreprises sont peu transparentes sur les données collectées et l’utilisation qu’elles pourraient en faire.

Il équivaut les dérapages potentiels à un «Big Brother» qui nous absorbe. «Il faut faire le bon compromis entre la liberté individuelle et la sécurité», conclut-il.

Publicité
Publicité