La tactique minable de Pierre Poilievre
C’est ça, les valeurs de Poilievre: la petitesse, la mesquinerie?


Richard Martineau
Afin de compter des points contre Justin Trudeau, qui vient de se séparer, Pierre Poilievre a décidé de diffuser une vidéo le montrant aux côtés de son épouse afin de célébrer «les valeurs familiales» et de montrer que «lui a réussi à garder sa famille» contrairement à l’autre...
Il n’y a qu’un mot pour qualifier ce geste: minable.
«D’une pauvreté, d’une médiocrité pitoyable. Synonymes: petit, déplorable, misérable, mesquin.»
Tous les coups sont permis?
Quand t’es rendu à faire ça, c’est que tu es rendu bien bas.
Prêt à tous les coups pour rabaisser ton adversaire, même les plus vils.
Le chef du Parti conservateur du Canada se présente comme le candidat du «gros bon sens», le représentant de «monsieur et madame Tout-le-monde».
Eh bien, s’il était si branché sur «la vraie vie», monsieur Poilievre saurait que la moitié, sinon la majorité des Canadiens sont séparés, divorcés.
Et que même les gens qui, comme moi, sont allergiques au style de notre premier ministre éprouvent en ce moment beaucoup de compassion pour monsieur Trudeau.
Une séparation, surtout lorsqu’on a des enfants, est un drame.
Une «toute personnelle fin du monde», comme le chante si bien Michel Rivard. Une bombe atomique qui éclate au beau milieu de ta maison, de ta famille.
Qu’un politicien profite de la séparation de son adversaire pour tenter de gagner des points me lève littéralement le coeur, et je pèse mes mots.
C’est ça, les valeurs que vous défendez, monsieur Poilievre?
La mesquinerie? La petitesse? La bassesse? Le manque de générosité la plus élémentaire? L’opportunisme le plus crasse?
Un peu d’élévation, que diable! Un peu de dignité!
Quand des problèmes personnels affaiblissent et déstabilisent ton adversaire, tu ne profites pas de l’occasion pour lui enfoncer la tête sous l’eau.
Tu lui laisses le temps de reprendre son souffle.
Ça s’appelle le «fair play». Se comporter en gentleman, en gentilhomme.
Et pas en petite frappe.
Le «stoole»
J’ai toujours eu de la difficulté avec Pierre Poilievre.
J’ai toujours senti que sous son image de «bon gars ordinaire» se cachait un esprit froid, calculateur, revanchard pour ne pas dire machiavélique.
Le p’tit à lunettes et à chemise à manches courtes qui «stoolait» ses camarades, à l’école, pour être dans les bonnes grâces du prof...
Le geste qu’il vient de poser ne fait que confirmer mes impressions.
Un chef de parti ne fait pas que défendre un programme, des idées. Il incarne – ou il est censé incarner – les valeurs de sa formation.
Quoi qu’il dise et quoi qu’il pense, ce ne sont pas les «bonnes valeurs familiales» que monsieur Poilievre vient de défendre en se présentant, tout fier, aux côtés de son épouse et de son enfant.
Ce sont des valeurs que j’appellerais «carnassières».
Aucun flair
Si Pierre Poilievre n’a pas vu qu’en se comportant de la sorte, il comptait dans son propre filet plutôt que dans le filet de son adversaire, c’est qu’il a l’instinct politique d’une mitaine à four.
Bon ben, je crois que je vais encore voter Bloc.
Quand aucune des équipes sur la glace ne te fait triper, aussi bien rester dans les estrades.