La SPCA de Montréal déborde d’animaux abandonnés: «Les gens n’ont plus les moyens de s’en occuper»


Andrea Lubeck
L’inflation pèse lourd sur le portefeuille des familles, si bien qu’elle représente désormais la raison la plus souvent évoquée lorsqu’un animal est abandonné. À l’approche de la saison des déménagements, la SPCA de Montréal se prépare à une autre vague record d’abandons et réduit ses frais d’adoption du 5 au 9 juin pour vider ses cages.
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Historiquement, il y a un pic des abandons d’animaux au printemps et à l’été, notamment à cause des déménagements. Mais depuis 2023, «la saison haute ne tarit pas», souligne Laurence Massé, directrice générale de la SPCA de Montréal.
«Au niveau des chiens, ça fait un an jour pour jour que nos cages sont pleines. On n’a pas diminué notre taux d’occupation, ce qui est un record pour nous. C’est rare», poursuit-elle en entrevue à 24 heures.
De plus en plus, la hausse du coût de la vie est évoquée comme raison pour abandonner son animal, observe-t-elle.
«Depuis l’année dernière, derrière chaque abandon, il y a une raison financière. Les gens n’ont plus les moyens de s’occuper d’un animal de compagnie, que ce soit de lui fournir de l’aide médicale, de l’aide comportementale ou pour trouver un logement abordable qui accepte les animaux de compagnie», explique Mme Massé.
Elle mentionne également la hausse des prix au détail de la nourriture pour animaux, qui auraient grimpé de 25% à 42% l’année dernière. Les soins vétérinaires et les médicaments ont également subi les foudres de l’inflation, ajoute-t-elle.
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Et contrairement à l’idée qu’on peut se faire des animaux abandonnés, ceux-ci ne sont pas nécessairement négligés lorsqu’ils arrivent à la SPCA.
«Ils ont reçu tout l’amour et tous les soins dont ils avaient besoin, mais leurs gardiens atteignent un stade où ils n’ont plus les ressources pour s’en occuper», illustre la directrice générale.
Frais réduits pour faire de la place
Avec 98 chats, 36 chiens et 49 petits animaux (lapins, rongeurs, reptiles) dans son refuge et 523 animaux en famille d’accueil, la SPCA de Montréal a «vraiment besoin de faire de l’espace pour le 1er juillet».
Pour ce faire, l’organisme réduira, voire annulera, ses frais d’adoption du 5 au 9 juin.
Vous n’aurez ainsi qu’à débourser 50$ pour adopter un chat (cinq mois et plus) ou un chien (huit mois et plus) adulte. Les frais s’élèvent habituellement à 200$ et 400$, respectivement.
«C’est l’occasion parfaite d’ajouter un membre à votre famille tout en offrant un foyer aimant à un animal dans le besoin», écrit l’organisme sur les réseaux sociaux.
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Les frais habituels s’appliquent pour les chatons (275$) et les chiots (550$).
Pour ce qui est des lapins, des cochons d’Inde, des hamsters et des souris, tous les frais sont levés durant les cinq jours. Ceux-ci varient habituellement entre 10$ et 100$, selon l’animal.
Engouement autour de l’adoption
Ces journées sont généralement de francs succès, note Laurence Massé.
«Ce qu’on constate, c’est que ce ne sont pas les frais d’adoption qui freinent les adoptants. Les familles attendent plutôt un happening. Et ces journées-là créent un engouement autour de l’adoption.»
Or, même si les frais d’adoption sont baissés ou annulés, il n’est pas question d’outrepasser le processus d’adoption d’usage, insiste la directrice générale.
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«On a toujours les mêmes critères, on a toujours les mêmes conversations avec les adoptants. C’est super important pour nous, surtout en contexte d’inflation. Il faut que les adoptants sachent dans quoi ils s’embarquent, qu’ils connaissent le profil médical [et] comportemental de l’animal et les ressources que ça prend pour s’en occuper.»
Les journées d’adoption à frais réduits ne génèrent d’ailleurs pas plus de retours d’animaux que lorsque les frais habituels sont facturés, assure l’organisme.