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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Agression sexuelle: la sexomnie comme défense

Un homme de 45 ans accusé d’agression sexuelle prétend toujours n’avoir aucun souvenir des événements

Yannick Giguère, 45 ans, est accusé d’agression sexuelle sur une amie le 19 juillet 2018.
Yannick Giguère, 45 ans, est accusé d’agression sexuelle sur une amie le 19 juillet 2018. Photo tirée du Facebook de Yannick Giguère
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Photo portrait de Jonathan Tremblay

Jonathan Tremblay

2022-04-20T21:59:32Z
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Un photographe professionnel accusé d’agression sexuelle sur une amie qui était restée dormir chez lui après une soirée arrosée en 2018 se défend en affirmant qu’il souffre de « sexomnie ».

« Je n’en ai pas encore à ce jour, de souvenirs d’avoir fait quoi que ce soit », a plaidé mercredi pour sa défense Yannick Giguère.

L’homme de 45 ans subit depuis mardi son procès au palais de justice de Montréal. Il est accusé d’avoir agressé une amie et ancienne fréquentation dans son lit, à sa résidence dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, la nuit du 19 juillet 2018.

Ce soir-là, Giguère aurait bu une grande quantité d’alcool alors qu’il était avec deux amies dans un bar, rue Crescent. Le trio serait ensuite rentré en taxi pour dormir chez le photographe et guide touristique.

Durant son témoignage mardi, la victime alléguée, dont l’identité est protégée par une ordonnance de la cour, a affirmé que Giguère lui aurait suggéré de dormir sur les tatamis qu’il avait installés au salon pour ses invitées, ou dans son lit.

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Avec un préservatif

Tant la victime alléguée que l’accusé, un polyamoureux qui était dans un couple ouvert à l’époque, ont témoigné qu’il n’y avait eu aucune avance entre eux.

Or, la plaignante se serait plus tard réveillée. Giguère se trouvait alors sur elle. Figée, elle aurait gardé les yeux clos quand il aurait tassé sa petite culotte pour la pénétrer avec un préservatif.

Selon la présumée victime, les gestes auraient été machinaux et sans tendresse.

Elle aurait quitté les lieux sur la pointe des pieds lorsque celui en qui elle avait confiance se serait rendormi.

Dans un échange texto, la trentenaire lui a ensuite reproché ses gestes.

Giguère lui aurait alors rétorqué être atteint de somnambulisme et lui aurait envoyé un lien vers un site internet qui parle de « sexomnie ».

Il s’agit d’une affection médicale rare qui fait en sorte que les gens qui en souffrent ont des envies sexuelles tout en étant endormis.

Cela peut aller de l’exhibitionnisme à des comportements sexuels à l’insu de la personne.

Yannick Giguère subit son procès toute la semaine au palais de justice de Montréal. On le voit ici à son arrivée mercredi matin.
Yannick Giguère subit son procès toute la semaine au palais de justice de Montréal. On le voit ici à son arrivée mercredi matin. Photo Chantal Poirier

Pas la première fois

Giguère a raconté mercredi que ce phénomène se serait produit par le passé avec d’autres partenaires sexuelles consentantes, et que cela faisait l’objet de « blagues » dans son entourage.

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Mais lors d’appels avec l’enquêtrice de la police de Montréal, en novembre 2018, le suspect aurait fait des déclarations particulières.

« Il a dit être très surpris et que rien ne s’était passé. Il me dit que [la victime] a des problèmes psychologiques et qu’elle inventait des choses », avait relaté mardi la sergente-détective Julie Harvey.

Diabète et dysfonction

Giguère aurait aussi ajouté qu’il était « impossible que ce soit arrivé », à cause de son diabète et de ses problèmes érectiles.

Le procureur de la Couronne, Bruno Ménard, a soulevé mercredi certaines « incompatibilités » entre cette défense et les conversations de l’accusé.

Celles-ci tendaient selon lui à miner la crédibilité de la plaignante aux yeux de la police. 

Me Ménard a aussi insinué que le texto de Giguère à la victime avait pour but de la dissuader de porter plainte. 

Pour sa part, l’accusé s’est défendu en disant que s’il avait déclaré des choses, c’était sous l’effet « du stress et de l’anxiété » suscités par les appels de la police.


Le procès de Yannick Giguère se poursuit jeudi avec le témoignage du psychiatre judiciaire, le Dr Pierre Gagné.

Des cas rarissimes  

  • La défense de la sexomnie n’est pas fréquente, mais elle a été utilisée à quelques reprises au Québec au cours des dernières années.  
  • Un Gatinois de 37 ans est en attente du verdict de son procès durant lequel il a utilisé cette défense, le mois dernier, à Québec. L’homme est accusé d’avoir masturbé sa sœur durant son sommeil. 
  • En 2018, Stéphane Péloquin a été déclaré coupable d’avoir incité une enfant de moins de 16 ans à le toucher à des fins sexuelles, le juge ayant rejeté la thèse de la sexomnie. 
  • Un homme de 50 ans de la région de Brome-Missisquoi a été reconnu non criminellement responsable d’agression sexuelle et de contacts sexuels sur une mineure grâce à cette défense, en 2018.   
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