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L'article provient de TVA Nouvelles

La science déformée, la confiance et la santé menacées

La véritable Isabelle Huot regardant une fausse vidéo d’elle reproduisant sa voix, son visage, ses vêtements et même sa cuisine.
La véritable Isabelle Huot regardant une fausse vidéo d’elle reproduisant sa voix, son visage, ses vêtements et même sa cuisine. Photo BEN PELOSSE
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Collectif de signataires

2025-07-28T23:00:00Z
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Nous, professionnels et scientifiques québécois engagés depuis des décennies dans la recherche, les soins et la communication rigoureuse des savoirs, sommes victimes d’une forme insidieuse de désinformation: des contenus hypertruqués (deepfakes) circulant en ligne, utilisant notre image, notre voix ou notre nom à des fins frauduleuses.

Nombre d’experts de toutes les disciplines sont aussi constamment plagiés, et leur image, comme la confiance qu’elle inspire, détournée à des fins malfaisantes. C’est aussi pour ces collègues que nous écrivons ce texte.

Mais c’est avant tout pour les personnes trompées par cette désinformation, parce que ce sont les vraies victimes.

Attaques contre la crédibilité et la confiance

Ces manipulations numériques prennent une multitude de formes. Elles apparaissent et disparaissent, difficiles à cerner et à combattre. De plus en plus sophistiquées, elles ne sont pas de simples canulars, même si leur apparence parfois imparfaite fait sourire: le phénomène est sérieux, dangereux, pernicieux.

Ces vidéos exploitent, à notre grand désarroi, la crédibilité et la confiance que nous avons bâties au fil des ans, propageant de fausses informations, semant la confusion et minant la confiance du public envers les soignants, la science et les institutions. Elles portent non seulement atteinte à notre intégrité professionnelle, mais aussi à la santé démocratique de notre société.

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Les effets de ces deepfakes ne sont pas anodins: leurs victimes y perdent de l’argent, subissent parfois les effets secondaires de produits douteux et peuvent interrompre des traitements essentiels. Ils engendrent aussi une avalanche de questions venant de personnes aussi interloquées qu’inquiètes, une perte de temps précieux qui ne peut alors être mis au service de soins et d’accompagnement légitime du public.

Appel urgent

Nous sommes inquiets. Alors que ces contenus prolifèrent en toute impunité, nous lançons donc aujourd’hui un appel clair et urgent:

  • Au public, nous demandons de toujours faire preuve de vigilance: vérifiez les sources, signalez les contenus douteux, et ne relayez pas ce qui semble sensationnaliste ou invraisemblable [FM1] . Sachez aussi qu’aucun médecin ne peut faire de publicité pour un médicament ou un produit spécifique.
  • Aux pouvoirs publics, nous demandons d’agir avec fermeté avec les compagnies qui permettent la diffusion de ces messages. Il est plus que temps de mettre en place des mécanismes de détection, de signalement et de sanction adaptés à l’ampleur du phénomène.
  • Aux géants du web, nous demandons de prendre vos responsabilités: héberger, amplifier ou monétiser des contenus falsifiés a des conséquences bien réelles sur vos utilisateurs. Vous devez maintenant agir pour contrer une fois pour toutes ces contenus frauduleux.

La science et les soins de santé reposent sur la transparence, la rigueur et la confiance. Nous continuerons à défendre ces valeurs avec détermination. Mais nous ne pouvons y arriver seuls.

Isabelle Huot, docteure en nutrition

François Marquis, intensiviste, chef de service des soins intensifs, CEMTL Maisonneuve-Rosemont

Rémi Rabasa-Lhoret, directeur de l’Unité de recherche en maladies métaboliques de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM)

Alain Vadeboncoeur, urgentologue et vulgarisateur scientifique


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