La SAQ pique dans les plates-bandes des dépanneurs

La Société des alcools du Québec teste depuis quelques semaines dans six succursales la vente de sodas et de toniques, ce qui irrite les détaillants en alimentation.

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«Ça va s’arrêter où? La SAQ va se mettre à vendre du Coke et du Monster à l’entrée?» se demande un propriétaire de deux dépanneurs à Québec, Louis Tremblay.

L'incursion dans ce marché réservé aux épiciers et aux dépanneurs n'est qu'un des nombreux projets pilotes de la SAQ. L'objectif: éviter une troisième baisse annuelle des ventes de suite.

Les projets de la SAQ

– Réaménagement de six succursales avec produits adaptés à la clientèle locale

– Vente de sodas 1642 près des caisses

– Vente de produits dérivés (t-shirts, chapeaux)

– SAQ Express 2.0 ouverte jusqu’à 23h

– SAQ POP dégustation sur l’avenue du Mont-Royal

– Miniagences: 30 produits dans six dépanneurs et épiceries depuis mai

– Livraison rapide via des plateformes comme Uber Eats et DoorDash

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Les détaillants alimentaires ont des questions sur le rôle de la société d’État. «Nous ne comprenons pas que la SAQ décide de concurrencer un de leur principal partenaire d’affaires», dénonce Samuel Bouchard Villeneuve, porte-parole de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ).

La controverse découle de la vente de produits 1642, une marque montréalaise de sodas et de toniques, dans les succursales réaménagées de Côte-des-Neiges et de Brossard et dans quatre autres magasins tests.

Officiellement, la SAQ justifie cette nouveauté par un souci de «dépannage» pour éviter aux clients un deuxième arrêt.

Les épiciers voient rouge

L’initiative tombe mal pour les dépanneurs, qui vivent déjà dans l’ombre des privilèges de la SAQ. 

Les dépanneurs ne peuvent vendre que des prêts-à-boire à base de malt, tandis que la société d’État commercialise les versions à base d’alcool distillé, un créneau en pleine croissance depuis trois ans.

«La SAQ veut augmenter ses ventes, mais nous, on est bloqués», dit Louis Tremblay, dont les deux magasins offrent une belle sélection de bières de microbrasserie et de vins québécois.

Projet de livraison controversé

La SAQ prépare par ailleurs son entrée sur les plateformes de livraison comme Uber Eats et DoorDash dès septembre, après un processus de qualification qui s’est terminé le 23 juillet.

Les critères d’admission (100 000 comptes clients actifs, 750 détaillants partenaires, 7 millions $ d’assurance) favorisent les multinationales au détriment des PME québécoises.

Une porte-parole de la SAQ a précisé au Journal que l’entreprise choisie n’a pas encore été annoncée.

Le marché du prêt-à-boire: faits saillants

6% à 11% des ventes de la SAQ en 5 ans avec un bond de +109% en volume (12 à 25 millions de litres)

55% des prêts-à-boire alcoolisés vendus à la SAQ sont québécois, devançant les géants internationaux comme Diageo (Smirnoff)

+88% de consommation au Canada (2018-2023) pendant que la bière chute de 16% et le vin de 12%

+136% sur 5 ans pour les marques québécoises à la SAQ

64% des distilleries québécoises sont actives ou le seront (35% actuelles + 29% en projet)

+85% estimé des versions sans alcool à la SAQ en 1 an, contre -10% en volume pour les versions alcoolisées

3 marques (Atypique, Romeo’s, Casual Domingo) contrôlent 75% du marché sans-alcool hors SAQ

_{Sources: MAPAQ Bioclips (sept. 2024), Statistique Canada, Rapport Élise Doucet UQTR (2025), Union québécoise des microdistilleries, SAQ}