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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

La santé mentale est le parent pauvre des systèmes de santé et de justice

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Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

2023-03-22T04:00:00Z
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Qu’ont en commun le mouvement #MoiAussi, les féminicides, la fillette de Granby, l’augmentation des fusillades et les meurtres commis par des personnes identifiées comme ayant des troubles mentaux ? De mauvaises décisions politiques et un système encrassé dans ses vieilles habitudes. 

Ces événements auraient pu être évités ou atténués. Ils ne sont que la résultante de décisions antérieures, dont l’objectif principal était de plaire à la population (élection oblige) ou de faire des économies de bouts de chandelle. 

Vous en voulez des exemples ? 

Il aura fallu le mouvement #MoiAussi et des féminicides pour que Québec implante des tribunaux spéciaux et revoie en profondeur l’accompagnement des victimes de violence conjugale et d’agressions sexuelles. 

Il aura fallu plusieurs fusillades sur deux années consécutives pour l’implantation d’une escouade dédiée aux armes à feu et le renforcement des équipes spécialisées dans la lutte aux groupes criminels, dont certaines avaient été abolies ou affaiblies pour des raisons financières. Il y a une tendance dans le système de détruire ce qu’il bâtit lorsque le calme revient. Un non-sens. 

Il aura fallu la mort d’une enfant de 7 ans à Granby pour revoir le système de la DPJ. Et maintenant, une autre claque, celle des troubles mentaux. 

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Santé mentale et criminalité 

Il n’existe pas de lien direct entre troubles mentaux et criminalité. Avec près de 12 % de la population du Québec qui souffre de ce genre de mal, on aurait un plus grand nombre d’attaques si la maladie était le seul facteur de passage à l’acte violent. 

C’est un ensemble de facteurs de risque (sociaux, familiaux, personnel, etc.) et un événement à un moment bien précis qui peut amener la personne à traverser la ligne. 

Or, la plupart du temps, le traitement ou la gestion de ces personnes tend à mettre l’accent sur le trouble mental au lieu d’agir sur tous les facteurs de risque. 

Mauvaise décision du gouvernement ?

La santé mentale est le parent pauvre des systèmes de santé et de justice. Les services sont loin de répondre aux besoins des patients. Que dit la science ? Le suivi intensif en communauté est un élément important de stabilisation des patients. Une équipe de professionnels de la santé devrait être déployée sur le terrain pour 100 000 habitants. 

Autour de 2008, le Dr Delorme, l’ex-directeur national de la santé mentale du Québec, a pour mission d’implanter et de déployer à travers le Québec ce type d’équipes. La supervision est alors assurée par le Centre national d’excellence en santé mentale. 

En 2019, le Dr Delorme quitte ses fonctions, estimant que le gouvernement ne lui permettait plus de déployer de nouvelles équipes, et en 2021, le Centre national est aboli, détruisant ainsi des années d’expertise. Depuis, il manque 19 équipes, dont 10 à Montréal. Encore des économies de bouts de chandelle et la destruction d’acquis ! 

Bizarrement, depuis 2020, on dénombre plusieurs attaques impliquant des personnes instables. Étaient-elles sous la supervision d’une équipe de suivi intensif dans le milieu ?

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