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L'article provient de Le Journal de Québec
Société

La saga de la famille Plouffe a été inspirée par le premier attentat meurtrier de l’histoire de l’aviation commerciale

© LSJML 2023
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2023-11-17T05:05:00Z
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«Au moins je meurs célèbre», lance Albert Guay à ses bourreaux au moment de payer de sa vie pour le meurtre de sa femme, Rita Morel, le 12 janvier 1951. Au terme d’un procès retentissant où il entraînera ses complices à la potence, il est reconnu coupable du premier attentat à la bombe de l’histoire de l’aviation commerciale. Cette histoire servira d’inspiration pour le roman Le crime d’Ovide Plouffe paru en 1982 du romancier Roger Lemelin. Le cinéaste Denys Arcand en tirera un film du même nom en 1984.

La tragédie qui a fait 23 victimes est survenue le 9 septembre 1949 au-dessus du village de Sault-au-Cochon, à 60 kilomètres au nord-est de Québec. 

«Albert Guay avait fait déposer dans l’avion une valise remplie d’explosifs par son amie Marguerite Pitre. Celle-ci sera condamnée à mort pour ce geste. Elle est d’ailleurs la dernière femme à avoir connu la peine capitale au Canada», résume l’historien Simon Dubé, adjoint exécutif du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec.  

Il s’en est fallu de peu pour que ce crime presque parfait reste impuni. Réglée pour provoquer un crash au-dessus du fleuve de façon à disperser les débris dans l’eau, la bombe a explosé au mauvais moment. L’avion avait décollé avec cinq minutes de retard, causant une faille dans le plan de Guay.  

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Chimie judiciaire

Analysés par deux chimistes du Laboratoire, Bernard Péclet et Franchère Pépin, les débris du DC3 de la Canadian Pacific Air Lines ont révélé la présence de poudre explosive. Un élément déterminant dans la preuve.  

«Le procès d’Albert Guay a été très médiatisé, mais il a fallu un certain temps avant de le considérer comme suspect. On a d’abord cru à un accident ou à une erreur humaine», poursuit M. Dubé.  

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L’entreprise commerciale avait mis ses meilleurs experts sur l’affaire, mais ils ont transféré l’enquête à la Sûreté du Québec quand il est devenu évident qu’on avait affaire à un acte criminel. On apprendra par exemple que Guay avait pris, le matin même du drame, une police d’assurance à son nom de 10 000$ en cas de mort accidentelle de sa femme. 

Il entretenait en plus une relation intime avec Marie-Ange Robitaille, une femme de la maison de chambres de Mme Ruest. 

Ce sont Péclet et Pépin eux-mêmes qui iront perquisitionner chez le frère de Marguerite, Généreux Ruest, horloger de métier, qui avait réglé la minuterie de la bombe. Il le reconnaîtra, mais affirmera qu’il croyait programmer le dynamitage du terrain d’un futur immeuble et non d’un avion. 

«Sur un morceau de carton ayant servi à assembler la bombe, on a trouvé des traces microscopiques du même explosif que celui des carcasses d’avion, des preuves accablantes», mentionne M. Dubé.  

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Autopsies  

Le laboratoire, qui était dirigé par Rosario Fontaine depuis la mort du fondateur Wilfrid Derome, a aussi procédé à des autopsies sur plusieurs victimes de l’attentat.  

Les chimistes témoigneront dans les différents procès qui tiendront en haleine la ville de Québec pendant plusieurs mois.  

Quand Albert Guay sera reconnu coupable de l’attentat, il dénoncera ses complices, affirmant que ceux-ci étaient au courant de ses intentions. Le 25 juillet 1952, Généreux Ruest sera pendu, suivi de sa sœur Marguerite le 9 janvier 1953. Ceux-ci affirmeront jusqu’à leur dernier souffle qu’ils ignoraient les desseins meurtriers de Guay.  

Cette affaire marquera l’histoire de la police scientifique québécoise, car ce sont les traces chimiques des explosifs qui mèneront à l’arrestation et à la condamnation des coupables.  

Et elle marquera l’histoire du Canada tout court, car la culpabilité des complices de Guay a toujours soulevé des doutes. 

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