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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

La SAAQ au bord du gouffre financier: le fonds des accidentés de la route pourrait payer les pubs avec Katherine Levac, admet la ministre Geneviève Guilbault

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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2025-05-28T14:27:40Z
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Alors que la SAAQ est au bord du gouffre financier, Geneviève Guilbault assure que l’organisation ne pigera pas dans le fonds réservé aux accidentés de la route pour résorber le déficit. Elle indique toutefois qu’elle pourrait s’en servir pour payer ses publicités de sensibilisation à la sécurité routière, comme celles avec sa porte-parole Katherine Levac.

• À lire aussi: Fiasco SAAQclic: la SAAQ au bord du gouffre financier

Avant la débâcle de SAAQclic, le déficit de la SAAQ s’élevait à 35M$.

Maintenant, le déficit anticipé atteindra 1G$ selon l’ex-directeur de la vérification interne Daniel Pelletier.

Pire encore, en décembre 2024, la SAAQ avait utilisé 761M$ de sa marge de crédit, dont la limite est fixée à 817M$.

Pour remédier à la situation, la société d’État analyse la possibilité de piger dans le Fonds d’assurance automobile du Québec, qui est réservé aux accidentés de la route.

Il s’agit d’une des nombreuses révélations faites mardi lors de la commission Gallant par Daniel Pelletier, retraité depuis 2024.

Hier, le choc est brutal à l’Asemblée nationale. La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a une fois de plus dû défendre l’organisation qui est sous son joug.

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«On est à 428 M$ environ de déficit cumulé. Alors, effectivement, il y a un examen des dépenses à faire», a admis la ministre, confirmant que 75 M$ s’ajouteront minimalement à la somme en 2025. «Il y a de l’optimisation à faire.»

La ministre a soutenu que la SAAQ ne pigerait pas dans le fonds réservé aux accidentés de la route pour régler ses problèmes liés au fiasco numérique.

«Je ne veux pas que les gens croient qu’on va enlever de l’argent pour les accidentés de la route pour payer SAAQclic», a-t-elle affirmé.

«Il serait hors de question qu’on utilise l’argent qui est voué à de l’indemnisation des victimes de la route pour payer quoi que ce soit d’autre que ce qui est prévu pour le fonds.»

Se payer des publicités

Ainsi, la ministre et la SAAQ soutiennent qu’ils peuvent légalement utiliser les revenus excédentaires de ce Fonds afin de «financer des activités de prévention en sécurité routière». 

«Ce sont des projets qui touchent la sécurité routière. Ça peut être des campagnes de prévention», a expliqué la ministre Guilbault. «On a fait une campagne qui a été très appréciée. Une campagne avec Katherine Levac, qui est notre porte-parole en sécurité routière.»

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La SAAQ a toujours pu se servir en partie de ce fonds pour des opérations très précises, mais l’organisation souhaite pour la première fois y piger davantage d’argent.

Une révision est bel et bien en analyse pour utiliser des sommes dans le cadre de certains projets, comme les campagnes publicitaires.

L’argent peut également servir à payer les examens de conduite ainsi qu’à réduire le coût des permis de conduire. Le Fonds d’assurance automobile du Québec a un excédent cumulé de 3,8 G$, indique le rapport annuel 2024 de la SAAQ.

«Chaque année, on a donné une réduction du prix du permis de conduire aux citoyens», a ajouté Mme Guilbault.

De son côté, la SAAQ assure que le Fonds d’assurance automobile du Québec ne peut être utilisé pour combler le déficit de la SAAQ.

«Ce qui a été analysé est une révision de l’affectation de certaines activités de prévention en sécurité routière (comme les examens de conduite), lesquelles sont déjà reconnues par la loi comme admissibles au financement par le Fonds. Ces activités visent directement à améliorer le bilan routier du Québec», affirme l’organisation dans un communiqué publié mercredi matin.

La société soutient que «cette révision de l’affectation des activités de prévention en sécurité routière», si elle se confirme, «n’a aucun lien avec le projet CASA (SAAQclic)».

Plaidoyer pour plus de transparence

Le témoignage de l’ex-directeur de la vérification de la SAAQ, Daniel Pelletier, s’est conclu à la Commission d’enquête sur le fiasco SAAQclic, mercredi, par un contre-interrogatoire des avocats de la Société.

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En contrôle, aucune question n’a semblé ébranler le retraité. «M. Pelletier, il sait beaucoup de choses!», a même déclaré au Commissaire Denis Gallant, la procureure de la SAAQ Audrey Gagnon.

En terminant son témoignage, l'ex-directeur a d’ailleurs émis quelques recommandations au commissaire Gallant afin de prévenir d'autres fiascos.

Selon lui, il est anormal que les vérificateurs internes doivent toujours se battre pour faire valoir leur point de vue aux membres du conseil d’administration, a-t-il dit. Il devrait y avoir plus de transparence et d’indépendance.

Par ailleurs, les procureurs de la SAAQ ont présenté la vérification d'indépendance qu’a envoyée la firme PricewaterhouseCoopers (PwC) au PDG Éric Ducharme pour défendre son indépendance. Daniel Pelletier avait découvert que la firme externe mandatée pour examiner le fiasco, PwC, était aussi le vérificateur financier d’IBM (LGS), l’une des firmes qui a remporté le contrat CASA/SAAQclic.

Il s’est dit un peu rassurer, mais estime néanmoins qu’il y a une apparence de conflit d’intérêts.

«Votre témoignage est très utile», a conclu le commissaire Gallant. 

Le témoignage du vérificateur Vincent Poirrier, expert en informatique, a débuté tard mercredi en fin d'après-midi. Dès le départ, il a fortement critiqué la gestion et la qualité du projet CASA/SAAQclic.

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