La Russie salue la position de l’Inde sur le conflit en Ukraine

Agence France Presse
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a salué vendredi à New Delhi l’approche équilibrée selon lui de l’Inde au sujet de la guerre en Ukraine.
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L’Inde, que le président américain Joe Biden avait trouvé «hésitante» dans sa réponse à l’invasion de l’Ukraine, a refusé de se joindre aux votes condamnant Moscou aux Nations unies.
«Ces jours-ci, nos collègues occidentaux voudraient réduire toute question internationale significative à la crise en Ukraine (...)», a déclaré en anglais le chef de la diplomatie russe à New Delhi, lors d’une rencontre avec son homologue indien S. Jaishankar.
«(Nous) apprécions que l’Inde appréhende cette situation avec l’ensemble des faits et pas uniquement de manière unilatérale», a-t-il poursuivi.
«L’amitié est le mot clé pour décrire l’histoire de nos relations et nos relations ont été par le passé très soutenues dans de nombreux moments difficiles», a-t-il ajouté.
M. Lavrov devait rencontrer le premier ministre Narendra Modi plus tard vendredi et lui transmettre les «meilleures salutations» du président russe Vladimir Poutine.
Le diplomate est arrivé dans la capitale indienne jeudi soir en provenance de Chine. Il y a annoncé l’avènement du nouvel ordre mondial rêvé par les deux pays.
Son allié chinois a réaffirmé l’amitié «sans limites» de leurs deux pays face aux États-Unis.
Delhi en revanche partage l’inquiétude de l’Occident face à l’affirmation de Pékin en Asie-Pacifique.
Le dernier affrontement entre militaires chinois et indiens sur la ligne de contrôle, à la frontière du Tibet et de la région indienne du Ladakh, ne date que de juin 2020. L’escarmouche avait fait 20 morts du côté indien, selon New Delhi, et quatre côté chinois, selon Pékin.
«Partenaire junior»
En visite également à New Delhi, le conseiller adjoint à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Daleep Singh, a estimé que l’Inde ne pourrait pas compter sur la Russie si un nouvel affrontement se produisait.
«La Russie va être le partenaire junior dans cette relation avec la Chine. Et plus la Chine aura de l’influence sur la Russie, moins ce sera favorable à l’Inde», a-t-il dit, cité par la presse locale.
«Je doute que quiconque puisse croire que si la Chine franchissait une fois de plus la ligne de contrôle (réelle), la Russie accourrait à la défense de l’Inde», a-t-il ajouté.
L’Inde fait partie de l’alliance «Quad» comprenant les États-Unis, le Japon et l’Australie, vue comme un rempart contre la Chine.
Les États-Unis sont prêts à aider l’Inde, troisième importateur et consommateur de pétrole au monde, à diversifier ses approvisionnements en énergie et en matériel de défense, a également déclaré M. Singh.
«Je viens ici dans un esprit d’amitié pour expliquer les mécanismes de nos sanctions, l’importance de se joindre à nous, pour exprimer une volonté commune et pour faire avancer des intérêts communs», a précisé le conseiller.
Mais il a aussitôt mis en garde : «il y a des conséquences pour les pays qui tentent activement de contourner (...) les sanctions».
«Nous tenons beaucoup à ce que tous les pays, en particulier nos alliés et partenaires, ne créent pas de mécanismes qui soutiennent le rouble et qui tentent de saper le système financier basé sur le dollar», a-t-il ajouté.
Selon la presse, l’Inde et la Russie travaillent sur un mécanisme de paiement en roupie et en rouble pour faciliter leurs échanges et contourner les sanctions occidentales imposées aux banques russes.