La Russie nous a déjà déclaré la guerre

Le poignard planté dans le dos de l’Ukraine par Trump réveille brutalement l’Europe.

Elle «découvre» ce que de Gaulle avait compris il y a 60 ans: il était imprudent de trop se fier sur les États-Unis pour sa défense.

Depuis quelques jours, on bouge enfin en Europe: il faut s’armer rapidement et tenter d’aider l’Ukraine.

Offensive

Divers commentateurs, qui se pensent réalistes, disent: voyons, n’exagérons pas la menace russe.

Je pense pour ma part que la Russie nous a déjà déclaré la guerre.

On peut faire la guerre autrement qu’avec des missiles et des chars.

Poutine n’a jamais caché qu’il se voyait à la tête d’un empire slave incarnant un traditionalisme viril, farouchement opposé à un Occident jugé décadent, dont il veut accélérer la chute tout en consolidant son propre pouvoir.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Qui lance des cyberattaques contre nos infrastructures, notamment nos hôpitaux?

Qui cherche à manipuler les élections dans les pays tentés de s’éloigner de sa tutelle?

Qui fabrique à la chaîne de la désinformation sur nos réseaux sociaux pour contaminer les esprits?

Est-ce qu’un ami agit ainsi?

Qui se permet d’envoyer des assassins dans les pays occidentaux pour liquider des adversaires politiques?

Le conflit ukrainien, un petit conflit régional? Avec des soldats nord-coréens et des missiles iraniens sous commandement russe?

On répète souvent que Poutine, un ex-agent du KGB, veut reconstituer la zone d’influence de l’ex-URSS.

Les pays baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie), jadis annexés de force et transformés en républiques soviétiques, le mesurent pleinement et sont sur un pied d’alerte.

Mais Poutine veut peut-être plus encore.

Le Danemark, la Suède, la Finlande augmentent massivement leurs dépenses militaires.

Pourquoi, vous pensez?

«Nous devons nous renforcer massivement pour protéger le Danemark. Et nous devons nous réarmer massivement pour éviter la guerre», vient de déclarer la première ministre danoise.

J’ose penser qu’elle est mieux placée que nous pour apprécier la menace qui pèse sur son pays.

Les propos de Trump sur le Groenland, qui appartient au Danemark, ont achevé de faire comprendre aux Danois que ce n’est plus un allié qui dort à la Maison-Blanche.

Trump

Comme la force ne comprend que la force, plus l’OTAN sera perçue comme faible, surtout dans la région de la mer Baltique, plus la Russie sera agressive.

Et comme la Russie n’a pas les moyens de combattre sur plusieurs fronts en même temps, elle a tout intérêt à en venir à un cessez-le-feu rapide en Ukraine.

Trump est en train de lui offrir ce cadeau.

La Russie disposera alors de temps pour reconstituer ses forces et viser ailleurs, tout en tirant profit des territoires ukrainiens conservés.

Elle sera d’autant plus tentée d’être aventureuse qu’elle aura la certitude que les États-Unis resteront les bras croisés.

Trump est aussi en train de lui faire ce lit.

L’Europe se retrouve coincée entre un impérialisme russe et un impérialisme américain qui s’entendent comme larrons en foire.

Le Canada, lui aussi, ne peut plus rien tenir pour acquis.