La Russie doit payer chèrement pour ses crimes


Normand Lester
Dans un discours virtuel enflammé devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le président Zelensky a déclaré que les atrocités commises à Boutcha en Ukraine étaient similaires à celles de l'État islamique. Selon lui, les troupes russes ont, entre autres crimes, violé et tué des femmes devant leurs enfants et torturé et assassiné des civils, mutilant leur corps.
Même si l'indignation et la révulsion mondiales prennent de l’ampleur face aux atrocités attribuées aux forces russes, le Conseil de sécurité ne prendra aucune mesure pour punir ces horreurs. La Russie, qui nie avec véhémence avoir commis des crimes en Ukraine, y possède un droit de veto.
Ces crimes de guerre doivent être confirmés par des enquêteurs internationaux indépendants qui devront commencer par tracer une chronologie des événements qui risque d’être accablante pour Moscou.
Des photos satellites obtenues par le New York Times semblent confirmer la responsabilité russe. Elles montrent des corps de civils assassinés identifiables le 11 mars dans une rue de Boutcha, alors occupée par l’armée russe.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) déclare avoir interrogé des témoins, des victimes et des résidents de la ville qui affirment que les forces russes ont perpétré viols, meurtres et autres actes de violence contre des personnes non armées. «Les cas que nous avons documentés représentent une cruauté et une violence extrêmes et délibérées contre des civils ukrainiens», ajoute le porte-parole de HRW.
Le conseiller à la sécurité nationale de Biden, Jake Sullivan, suggère que la Cour pénale internationale pourrait se charger de l’enquête. Les États-Unis, comme la Russie, ne reconnaissent pourtant pas sa juridiction dans ce domaine. L'administration Trump avait sanctionné des responsables de la CPI pour avoir ouvert une enquête sur les crimes de guerre américains en Afghanistan. L’administration Biden a critiqué la CPI pour avoir enquêté sur l'occupation par Israël de la Cisjordanie et ses guerres à Gaza.
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La Russie de Katyn à Boutcha
Lorsque les nazis ont envahi la Russie pendant la Seconde Guerre mondiale, ils ont trouvé en avril 1943, les fosses communes de près de 5000 officiers et leaders intellectuels polonais dans la forêt de Katyn près de Smolensk. Moscou a nié avoir tué ces hommes, affirmant que les nazis en étaient responsables.
En 1990, le président réformateur Mikhaïl Gorbatchev a admis que les services secrets russes NKVD avaient exécuté les Polonais, acceptant officiellement la responsabilité du massacre. Staline voulait éliminer l'élite polonaise comme Poutine semble vouloir le faire maintenant avec celle d'Ukraine. Lors du partage de la Pologne, les soldats russes, alliés des nazis, se sont livrés à des pillages, des viols et d'autres crimes contre les Polonais, comme ils le font maintenant en Ukraine.
Boutcha, un tournant de la guerre
Ce qui s’est passé à Boutcha et les destructions massives actuelles en Ukraine, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale, exigent de nouvelles sanctions draconiennes contre la Russie. Elles doivent notamment frapper tous les civils et tous les militaires impliqués dans la chaîne de commandement de l’agression criminelle contre l’Ukraine. Ils devraient, à tout le moins, être à jamais interdits de séjour dans tous les pays où l'Occident a la capacité de faire pression.