Cette robe que l'on aime détester effectue un retour audacieux

Dans cette robe, nul moyen de se cacher. Maintenant populaire auprès d'une nouvelle génération de jeunes femmes, cette robe effectue un retour qui soulève tout de même son lot de questions.

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Les premières versions de ce morceau, introduites par Azzedine Alaïa au début des années 1980 dans des teintes colorées et chatoyantes, s’inspiraient des momies égyptiennes. Puis, dans les années 1990, la marque Hervé Léger sort les premiers modèles de la robe bandage telle qu’on la connait aujourd'hui: plus moderne et ultra-serrée. Tellement, qu’elle «donnait réellement l’impression d’être prise dans des bandages», selon Cindy Crawford. Puis, ce morceau revient en force chez les célébrités vers la fin des années 2000: elle devient le vêtement de la décennie pour sortir dans les boîtes de nuit. Kim Kardashian, Rihanna et Victoria Beckham l'ont tour à tour adopté.

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Serait-elle de retour pour une deuxième fois? Voici les faits: House of CB, une marque britannique créée en 2010 et qui avait capitalisé sur cette tendance, relance une collection de robes bandage pour son 15^e anniversaire. Hervé Léger, qui célèbre ses 40 ans cette année, ressort ses plus grands classiques et de nouveaux modèles actualisés. Sur TikTok, des Gen Z essayent de vieux modèles dans des vidéos virales où les commentaires sont divisés. Le terme a été très recherché en ligne cet été, ce qui ne semble toutefois par se traduire en ventes pour l'instant. L’intérêt résiderait davantage dans la controverse que cette pièce suscite que dans l’enthousiasme pur.

Ce qui fait jaser, c'est évidemment le timing de cette résurgence, qui concorde avec le changement abrupt du discours entourant le corps — la façon dont on en parle, dont on le perçoit —, et qu’on observe avec l'arrivée des traitements tels qu'Ozempic. Cette tendance serait-elle en voie de devenir la dernière forme de body-checking en ligne, version mode? À en juger par les silhouettes des jeunes filles qui les vantent en ligne et les célébrités qui l’ont portée récemment, comme Kaia Gerber ou Kendall Jenner, c’est certainement une partie du phénomène.

C’est peut-être dans l’héritage d’Alaïa qu’on peut chercher une perspective plus positive. Dans les années 1980, ses robes bandage étaient une réponse au style vestimentaire formel des femmes de l’époque — pensez ici aux tailleurs et aux épaules larges. En 2025, les robes bandage semblent aussi attirer la génération Z pour leur incompatibilité avec l’une des tendances du moment, celle du “luxe discret” et modeste. Par ailleurs, la pandémie a aussi orienté la mode vers des vêtements confortables et minimalistes. Logique, donc, qu’on romantise l’idée d’aller danser jusqu’au bout de la nuit en petite robe courte , soutien-gorge qui dépasse, téléphone égaré depuis longtemps. Notons au passage que les robes bandage d’Alaïa, en viscose élastique, étaient plus confortables que celles d’Hervé Léger, soulignant la silhouette plutôt que de la compresser. S’inspirant de cela, mieux vaut donc prendre le temps de choisir le bon tissu pour rendre cette pièce portable et confortable.

En 2025, les modèles, les coupes et les matériaux sont plus variés que jamais. Souhaite-t-on ainsi que la robe bandage s’actualise en vêtement qui célèbre toutes les formes et rondeurs? Ce serait encore mieux si des mannequins et vedettes de taille plus montraient l’exemple, mais celles-ci tombent justement comme des mouches... Comme quoi, la robe bandage ne cesse pas de motiver des questions complexes sur notre rapport à la mode et au corps.

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