Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

La rivalité d’une vie

La rivalité Canadiens-Nordiques n’a jamais été égalée et ne le sera jamais non plus, tous sports confondus.
La rivalité Canadiens-Nordiques n’a jamais été égalée et ne le sera jamais non plus, tous sports confondus. Photo d'archives
Partager
Photo portrait de Michel Bergeron

Michel Bergeron

2022-11-27T10:00:00Z
Partager

On le dit souvent, mais pour l’avoir vécu de l’interne, je peux le confirmer : aucune rivalité, tous sports confondus, ne s’est même approchée de celle entre les Canadiens et les Nordiques.

La série documentaire Canadiens Nordiques – La rivalité, produite par Réjean Tremblay et Mathias Brunet, qui sera présentée en première médiatique lundi prochain, m’a replongé dans ce pan de ma vie que je n’oublierai jamais.

J’ai été partie prenante de cette rivalité. Certains m’accusent d’y avoir allumé des feux à plusieurs occasions, et, aujourd’hui, je peux le dire : je ne haïssais pas ça. J’avais vécu une rivalité semblable dans la LHJMQ avec les Cataractes de Shawinigan lorsque je dirigeais les Draveurs de Trois-Rivières et c’est comme si ça m’avait préparé à ce qui m’attendait à mon arrivée avec les Nordiques.

Tout était intense, dans cette rivalité. Quand on affrontait le Canadien, les restaurants et les centres d’achat fermaient. On atteignait des cotes d’écoute de trois ou quatre millions de téléspectateurs et plusieurs femmes ont avoué avoir commencé à s’intéresser au hockey durant cette époque puisqu’il n’y avait rien d’autre à faire que regarder les matchs !

Quand j’ai été échangé aux Rangers de New York, en 1987, j’ai pu prendre la mesure de l’intensité de cette rivalité. Elle me manquait. Les partisans et leur intensité me manquaient, ma visite au dépanneur du coin, près de ma résidence de Cap-Rouge à l’époque, où j’allais chercher mon café chaque matin et où tout le monde me parlait du prochain match contre le Canadien, me manquait.

Publicité

DEUX COQS

Évidemment, je n’étais pas sur la patinoire durant cette époque, mais j’ai été directement impliqué dans la rivalité avec l’entraîneur du Canadien, Jacques Lemaire. À cette époque, on s’en donnait à cœur joie dans les médias et je dois avoir une vingtaine de scrapbooks contenant seulement des déclarations incendiaires de part et d’autre.

À ce moment, on était comme deux coqs dans la basse-cour. On ne s’aimait vraiment pas, il n’y avait rien de faux dans ce qu’on se disait !

Mais on a toujours eu un profond respect l’un pour l’autre et, ironiquement, j’ai croisé Jacques il y a quelques années et il m’avait avoué que, lorsqu’il avait été engagé par les Devils du New Jersey en 1993, il était passé à deux doigts de m’appeler pour me demander si je voulais aller vivre l’aventure avec lui.

Il avait d’ailleurs été le premier à m’appeler pour me féliciter quand j’avais été nommé entraîneur-chef des Rangers, en 1987.

VENDREDI SAINT 

Autant Jacques que moi avons vécu pleinement cette rivalité. Mais je pense que nous avons réalisé que ça allait trop loin lors du fameux match du Vendredi saint.

En y repensant, il était inévitable que ce genre de scène arrive un jour. La tension était à couper au couteau depuis plusieurs années.

Le Canadien nous regardait de haut jusqu’en 1982, quand nous les avions battus en séries grâce au but de Dale Hunter. Ç’avait été le début de toute cette rivalité.

Je suis fier, en y repensant, de réaliser que nous avions forcé le Canadien à s’adapter. Ils avaient, comme nous, nommé des dirigeants francophones et commencé à faire confiance à davantage de joueurs d’ici. Soudainement, la petite équipe du « village » était devenue une véritable menace.

Publicité

Quelle époque ce fut ! L’espace ne me le permet pas, mais je vous en parlerais encore pendant des heures.

– Propos recueillis par Kevin Dubé 

Les échos de Bergie

PIERRE GERVAIS FAIT JASER

La sortie du livre de l’ancien préposé à l’équipement du Canadien Pierre Gervais a fait jaser, et pas à peu près, depuis une semaine. Un peu comme tout le monde, j’ai été surpris de quelques passages contenus dans son livre. Je connais très bien Pierre et c’est avec moi qu’il a débuté sa carrière, avec les Draveurs de Trois-Rivières, alors qu’il n’avait que 16 ans. J’ai toujours eu beaucoup de respect pour lui et ça ne changera pas. Je le sais, pour être passé par là : quand tu écris un livre, tu dois accepter d’écorcher certaines personnes. Par contre, je l’ai trouvé dur envers Dominique Ducharme. Aucun entraîneur ne fait l’unanimité dans un vestiaire, et j’en sais quelque chose. Par contre, si tu te rends jusqu’à la LNH, c’est à force de travail et de victoires. Ducharme n’aurait jamais atteint ce niveau s’il n’avait pas été un travaillant.

LE DÉBUT D’UNE AVENTURE

Ça fait des semaines que je le martèle : Samuel Montembeault mérite de jouer plus. Les deux dernières victoires du Canadien, c’est grâce à lui. J’espère que cette séquence marquera le début d’une belle aventure pour le gardien québécois. Martin St-Louis a répété que Jake Allen était le numéro un de l’équipe, mais soyons sérieux, s’il vous plaît. Allen est un deuxième gardien dans la LNH et c’est ce qu’il a toujours été. J’ose espérer que c’est Montembeault qui obtiendra le départ mardi prochain à San Jose. En fait, rien ne pourrait expliquer l’inverse : une fiche de 5-2-1, une moyenne de 2,48 et un pourcentage d’arrêts de 0,924.
St-Louis commence à goûter à la victoire et il semble aimer ça. En ce moment, c’est Montembeault qui lui donne le plus de chances de gagner.

BRAVO À PATRICE

Patrice Bergeron a atteint le plateau des 1000 points dans la LNH la semaine dernière et il est ainsi devenu le quatrième joueur de l’histoire des Bruins à atteindre cette prestigieuse marque, après Raymond Bourque, Phil Esposito et Johnny Bucyk. Je ne sais pas quand il décidera de prendre sa retraite, mais une chose est sûre : sa place au Temple de la renommée du hockey l’attend déjà. Je me posais d’ailleurs une question cette semaine : Bergeron, comme Bourque l’a fait, décidera-t-il de rester dans la région de Boston une fois sa carrière terminée ? Le Québécois a passé la moitié de sa vie à Boston et c’est là qu’est maintenant sa maison.

Publicité
Publicité