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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

La révolte de la génération Z

Des manifestations secouent le Maroc depuis plusieurs jours, encouragées par le groupe GenZ 212, un collectif récemment formé sur la plateforme web Discord, dont les organisateurs restent inconnus.
Des manifestations secouent le Maroc depuis plusieurs jours, encouragées par le groupe GenZ 212, un collectif récemment formé sur la plateforme web Discord, dont les organisateurs restent inconnus. Photo AFP
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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2025-10-04T04:00:00Z
2025-10-04T04:10:00Z
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Ces derniers jours, l’Indonésie, le Népal, Madagascar et le Maroc ont été secoués par de violentes manifestations.

Ces pays n’ont rien en commun en soi. Pourtant, les manifestants qui sont descendus dans les rues des villes de chacun d’entre eux revendiquent sensiblement les mêmes choses: la fin de la corruption et le limogeage des dirigeants incompétents.

Dans tous ces pays, les jeunes de moins de 30 ans forment une très grande partie de la population. Ils sont plus éduqués que leurs aînés. Le taux de chômage dans cette tranche d’âge est aussi très élevé.

Enfin, ces manifestants sont mobilisés par les réseaux sociaux.

1) Pourquoi les manifestations ont-elles dégénéré?

Dans tous ces pays, les manifestants ont lancé des appels à des manifestations pacifiques. Cependant, face aux débordements, les forces de l’ordre ont tiré sur les manifestants, en provoquant des morts. Ces actions ont enragé les manifestants. En Indonésie, les manifestants ont violemment attaqué la police. Au Maroc des centaines de voitures ont été incendiées. À Madagascar, dans la capitale, des commerces et de petits ateliers de fabrication ont été pillés. Au Népal, le parlement et le palais de justice ont été incendiés et, avec eux, des centaines de milliers d’archives et de documents ont disparu.

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2) De quels réseaux sociaux se réclament les manifestants?

Au Maroc, ces manifestants se réclament du GenZ 212. GenZ pour génération Z et 212, parce qu’il s’agit de l’indicatif téléphonique du pays. Le site est hébergé sur la plateforme Discord. Théoriquement, le mouvement est sans chef ni parti. Cependant, derrière le romantisme du mouvement et malgré la noblesse de la cause, il est possible que des acteurs étrangers qui ont intérêt à déstabiliser le pays manipulent en partie l’information. Au Maroc comme dans d’autres pays.

3) De telles manifestations pourraient-elles survenir ailleurs?

La corruption et l’incompétence ne sont pas l’apanage d’un petit nombre de pays. Plus de 140 pays à travers le monde sont autoritaires ou totalitaires. Le plus souvent, un petit groupe de personnes privilégiées y accapare la plus grande partie des richesses et bloque toute évolution politique qui nuirait à ses intérêts. Mais l’élévation du niveau d’éducation des populations et les nouveaux moyens de communication changent la donne. Le mouvement risque donc de se produire dans d’autres pays en développement. Malheureusement, le réflexe répressif des autorités risque aussi d’être très violent.

4) Que cherchent les partisans du mouvement?

Il est remarquable qu’au Maroc les manifestants se soient abstenus d’attaquer le roi, qui dès lors peut jouer un rôle arbitre. Au Maroc, les partisans du mouvement exigent d’ailleurs une séance nationale publique de reddition de comptes qui serait tenue devant le roi. Les manifestants demandent aussi davantage de droits, en particulier davantage de liberté d’expression et davantage d’égalité.

5) Un tel mouvement pourrait-il naître au Québec?

En théorie, rien ne l’empêche. Cependant, en pratique, la génération Z est peu nombreuse au Québec. De plus, la liberté d’expression, la pluralité des partis politiques ainsi que le faible niveau de corruption freinent l’éclosion d’un tel mouvement. Néanmoins, les scandales d’incompétence du gouvernement actuel, entre autres autour de la SAAQ ou de Northvolt, et surtout, la relative impunité des fonctionnaires qui sont impliqués dans les épouvantables décisions administratives qui entourent ces dossiers, laissent penser que de très sérieuses réformes sont requises. Le mauvais théâtre de la Commission Galland sur la SAAQ est à cet égard très insatisfaisant.

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