La renaissance de Maripier Morin

Sophie Durocher
«Bravo de continuer de croire en qui tu es, dans tout ce que tu es. Je suis sûre que le monde est assez intelligent pour voir qui t’es vraiment.»
C’est ce que France Castel a dit à Maripier Morin dans l’épisode de L’autre midi à la table d’à côté qui sera diffusé dimanche à Radio-Canada.
Oh, comme j’aimerais que France Castel ait raison!
Et comme j’aimerais qu’après cette entrevue percutante, Maripier Morin puisse tourner la page, passer à un autre appel, avoir une deuxième chance, clore ce chapitre de sa vie, repartir à zéro (insérez ici toutes les métaphores que vous voulez).
PROCHAIN ÉPISODE!
France Castel et Maripier Morin ont toutes les deux surmonté des dépendances (alcool et cocaïne pour Morin, cocaïne seulement pour Castel). Mais la grande différence entre les deux, c’est qu’à l’époque où Castel faisait ses folies, les médias sociaux n’existaient pas.
J’ai dévoré d’une bouchée les 42 minutes de la rencontre filmée entre ces deux dépendantes, ces deux éclopées de la vie et ces deux femmes passionnées et vulnérables. Et Maripier Morin a fait un certain nombre de déclarations-choc:
Sur son alcoolisme: «Bradley Cooper a su que j’étais alcoolique avant que je le sache».
Sur sa compulsion sexuelle de «frencher» tout ce qui bouge: «J’ai joué un rôle toute ma vie. J’étais terrorisée par la sexualité, c’est quelque chose qui me rend inconfortable. [...] Je devenais comme une guidoune. Les barmaids m’appelaient “Mariefrench”. Ça me dérangeait pas que tu sois un gars ou une fille, je voulais que tout le monde m’aime».
Sur ses échecs en compétition sportive: «J’ai voulu compenser et prouver que j’avais une valeur, c’est devenu maladif».
- Écoutez la rencontre Nantel-Durocher diffusée chaque jour en direct 15 h via QUB radio :
Sur le fait qu’elle aime mieux s’entourer d’hommes que de femmes: «La présence des hommes me rassure. Avec les filles, je me demande tout le temps à quel moment elles vont me planter un couteau dans le dos. Je suis tout le temps dans la méfiance».
Mais le moment le plus bouleversant a eu lieu quand Castel et Morin sont revenues sur la peine à payer pour les comportements de Maripier Morin, qui ont mené à sa perte en juillet 2020.
On a eu le droit à l’échange suivant...
Castel: «Est-ce que tu dois être punie pour ça?»
Morin: «J’ai pas la réponse, les gens vont décider».
Castel: «C’est toi qui vas décider si tu y as droit.»
Morin: «Ça commence par mon pardon».
Castel: «Faut que t’arrêtes de te punir».
Cet échange a été suivi par un silence et des larmes. Ce n’est pas une pièce de théâtre. Moi, j’y crois.
CONFESSION-RÉDEMPTION-ABSOLUTION
Maripier Morin a franchi toutes les étapes prévues au petit catéchisme de la Punition sociale au Québec.
Elle a commis une faute, admis sa faute, s’est flagellée pour sa faute, a accepté que d’autres la flagellent pour sa faute, demandé le pardon pour sa faute, travaillé en privé sur les causes qui l’ont amenée à commettre sa faute, changé les comportements qui lui faisaient commettre des fautes, pleuré en privé à cause de sa faute, pleuré en public à cause de sa faute.
Maintenant, peut-on la réinsérer... sans faute?