La réinsertion de Maripier Morin

Sophie Durocher
Dans notre société, on croit en la réhabilitation.
Tu as commis une faute ?
1 - Tu es condamné,
2 - Tu purges ta peine,
3 - Tu « payes ta dette »,
4 - Tu réintègres la société qui t’a exclu.
Pourquoi ce pacte que l’on conclut avec les pires criminels serait différent pour Maripier Morin ?
Pourquoi n’aurait-elle pas, elle aussi, le droit d’être « réhabilitée » et « réinsérée » dans son métier ?
- Écoutez la chronique de Sophie Durocher avec Pierre Nantel sur QUB radio:
GAGNER LE TRIFECTA
Maripier Morin a remporté son pari : trois contrats en trois mois. Janvier : reprise des tournages de La faille 2. Lundi, tournage du film Arlette ! où elle tient le rôle-titre. Et au printemps, reprise des tournages de Mais pourquoi ? à Z.
Interrogée par mon collègue Marc-André Lemieux, Caroline Lacroix, professeure de marketing de l’École des sciences de gestion de l’UQAM, a affirmé que « l’actrice doit faire preuve de beaucoup d’humilité [...] C’est le message qu’elle doit envoyer ou laisser transparaître. Les gens vont regarder son attitude ».
Humilité, oui. Humiliation, non. Si vous avez suivi quelques-uns des épisodes de Mais pourquoi ?, vous savez que Maripier Morin est très autocritique, très transparente.
Je vous rappelle que dans cette série, elle a révélé son salaire, s’est montrée pratiquant des danses lascives, s’est piquée pour des traitements de procréation. Mettons qu’elle ne se montre pas sous son meilleur jour.
Mais va-t-il falloir qu’elle se flagelle sur la place publique, qu’elle monte à genoux les marches de l’Oratoire Saint-Joseph, qu’elle aille brailler sa vie dans un talk-show pour que la meute bien-pensante soit satisfaite ?
Je cite encore Caroline Lacroix de l’UQAM : « Si j’étais à sa place, je n’irais pas m’associer avec plein de marques tout de suite.
Je n’irais pas courir les galas non plus. » Pour les galas, de toute façon en pleine COVID... on repassera. Mais pourquoi Maripier Morin devrait-elle éviter de s’associer avec des marques ?
Qui décide combien de temps doit durer son purgatoire ? Qui décrète qu’elle peut ou pas gagner sa vie ? Qui statue à quel degré elle peut rattraper ses pertes de revenus de 2020 ? Quel arbitre décidera quelle limite de temps est acceptable entre la faute, la punition de la faute et la réhabilitation de la fautive ?
Je reviens toujours à ça : un prisonnier sort de taule, on lui trouve un boulot au nom de la « réinsertion ». Et on pointe du doigt ceux qui refusent de donner une deuxième chance à des criminels endurcis.
Mais sur les égouts sociaux, évidemment, il s’en trouve pour appeler au « boycott » de Maripier Morin. Quoi donc ? Elle devrait être empêchée de travailler... jusqu’à la fin de ses jours ?
VA ET NE PÈCHE PLUS
En janvier, à mon émission à QUB radio, j’avais demandé à Fabienne Larouche si elle engagerait Maripier Morin dans une de ses productions. « Certainement », m’avait-elle répondu. « Il y a un moment où la rédemption et l’expiation de la faute, il y a une limite. On ne va quand même pas la brûler sur un bûcher. »
En effet.
Si Maripier Morin s’est présentée à des auditions et que c’est elle qui a été jugée la meilleure pour le rôle, pourquoi lui refuserait-on cette deuxième chance ?