La reine Elizabeth II vêtue par un tailleur de fourrure Québécois
Un maître tailleur de fourrure avait eu le privilège de confectionner le cadeau de noces de la princesse Elizabeth


Simon Baillargeon
Le décès de la reine Elizabeth a fait ressortir une panoplie d’anecdotes à son sujet. L’une d’elles concerne un réputé maître tailleur de fourrure et un cadeau de mariage officiel. Retour dans le temps sur une histoire méconnue qui fait «la fierté» d’une famille de Québec.
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Roméo Audet s’était déjà forgé une solide réputation dans le domaine de la confection de manteaux de fourrure à Québec quand son patron lui a confié une mission royale de la plus haute importance.
La prestigieuse enseigne Holt Renfrew venait de se voir confier par le gouvernement canadien le mandat de confectionner un manteau en vison sauvage du Labrador.
La princesse Elizabeth allait unir sa destinée au duc d’Édimbourg le 20 novembre 1947 et il s’agissait du cadeau officiel du Canada.
M. Audet, originaire du quartier Saint-Jean-Baptiste et diplômé de la Mitchell Designing School de New York, accepte le défi.
Mais pas question de lésiner sur les détails. Le président d’Holt Renfrew à l’époque, Alvin J. Walker, s’était rendu à Londres lui-même pour prendre les mensurations de la princesse, avec dans ses valises 85 échantillons de fourrure.
Vu partout dans le monde
Le Canada en entier et la planète ont pu apprécier le travail de Roméo Audet puisque la princesse a porté à plusieurs reprises le fameux manteau lors du premier voyage au pays du couple royal en 1951, quelques mois seulement avant qu’elle n’accède au trône d’Angleterre.

À son arrivée à Montréal, au Stampede de Calgary et à sa sortie du train l’emmenant à travers le pays, la création est en vedette d’un océan à l’autre.

«On l’a vu à plusieurs reprises sur des photos dans différentes villes», se rappelle la petite fille de Roméo Audet, Sylvie Bergeron.

Son grand-père n’a malheureusement pas eu ce privilège, s’empresse-t-elle de préciser.
«Il n’a jamais vu de photos au moment où elle le portait. Et la télévision n’était pas là en 1951.»
Cette réalisation a toujours été une grande source de fierté pour la famille, souligne pour sa part la fille de M. Audet, Louise Audet Bergeron. À 91 ans, la dame se souvient encore très bien de ce moment. « [Il] était immensément fier d’avoir conçu et confectionné le manteau qui représentait le cadeau de noces à la princesse Elizabeth de la part du peuple canadien », souligne-t-elle.
Il ouvrira ensuite sa propre boutique dans Sillery, sur la rue Saint-Michel, aujourd’hui nommée rue de Bergerville. Il décédera en 1966.
Maniaque de la reine
Cette anecdote a fait en sorte que Sylvie Bergeron a développé une admiration pour la reine, « mais pas pour l’institution ».
Cette dernière l’a d’ailleurs rencontrée en 1987, lors du dernier passage de la souveraine à Québec.
«J’aurais voulu lui dire : vous souvenez-vous de votre manteau de fourrure?», dit-elle, avant de rire. Mon grand-père n’a pas eu l’occasion de lui donner le manteau de ses propres mains, mais la boucle est bouclée, au moins je lui ai parlé.»
La dame sera devant son téléviseur, tôt demain. Pour rien au monde elle ne raterait l’occasion de la saluer une dernière fois.
Quant au manteau, impossible de savoir ce qui lui est arrivé. Mais il faudra se souvenir que c’est grâce à un Québécois si la reine a pu se tenir au chaud lors de l’automne 1951.
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