La réhabilitation de Maripier Morin

Sophie Durocher
Le 28 décembre dernier, Le Journal a publié un « baromètre des personnalités les plus populaires ». Quand la firme Léger a demandé aux Québécois « Qui est la personnalité québécoise de l’année ? », l’animatrice et comédienne Maripier Morin est arrivée en 6e position, avec 7 % des voix... tout juste derrière l’humoriste et animateur Jay Du Temple (qui a été plébiscité par 8 % des sondés) et le sportif plus-que-parfait Laurent Duvernay-Tardif (20 % des sondés).
Et c’est pour cette raison que je suis convaincue que 2021 sera l’année de la réhabilitation de Maripier Morin. Et c’est pour ça que je trouve si pertinents et si justes les propos que Charles Lafortune a tenus à La Tour lundi.
LES DENTS D’LA MORIN
J’ai toujours trouvé que Charles Lafortune était un homme de GBS (gros bon sens). Un homme droit, avec un sens de la morale, avec un grand cœur et une tête bien faite sur les épaules.
Quand je l’ai entendu lundi expliquer à Patrick Huard les raisons pour lesquelles, en tant que producteur, il avait choisi de réengager Maripier Morin dans la deuxième saison de La faille, j’ai pensé qu’il avait trouvé les bons mots pour expliquer... le gros bon sens.
« La première conversation, c’est de parler à la personne, en fait. J’ai voulu savoir ce qu’il s’était passé, ce qu’elle avait entrepris comme démarche. Qu’est-ce que tu comptes faire, tu as tout perdu dans la vie, tu n’as plus rien. C’est quand même une sentence sociale extrême. »
Tout est là.
D’abord écouter la personne, lui donner l’occasion d’entendre sa version des faits (audi alteram partem, entendre l’autre partie, comme le disait feu Bernard Landry).
Puis, une fois en possession des faits, mettre dans la balance, d’un côté la faute commise et de l’autre, la punition imposée. L’expression « sentence sociale extrême » utilisée par Charles Lafortune est tout à fait juste, percutante et pertinente.
Quand le Bye Bye, vu en direct par près de quatre millions de gens, fait un sketch qui porte ton nom (Les dents d’la Morin), on s’entend que c’est parce que personne au Québec n’ignore ce que tu as fait. Et c’est aussi un rappel que le monde du show-business est rempli de requins...
Charles Lafortune et Patrick Huard ont souligné l’importance de croire Safia Nolin, l’importance de dénoncer. Mais c’est quand il a parlé de deuxième chance que Charles Lafortune m’a impressionnée par sa magnanimité.
« À un moment donné, il faut que tu agisses en bon père de famille. Il y a le droit de se réhabiliter, parce que je ne sais pas ce que ça dit sur notre humanité si on ne se réhabilite pas. »
Charles a raison. Tout notre système de justice est basé sur ce principe de « réhabilitation », même pour les pires criminels endurcis. Alors ce serait inconcevable qu’il ne s’applique pas dans le cas d’une personne qui n’a même pas eu l’occasion de faire face à la justice, en bonne et due forme.
JUSTICE RÉPARATRICE
Vous savez ce que disait le poète et chanteur Leonard Cohen dans sa chanson Anthem ? « Il y a une faille dans toute chose, c’est par là qu’entre la lumière. »
Une faille... la comprenez-vous ?