Tramway: le projet de redevance de Marchand critiqué
Cet enjeu agite encore la campagne électorale municipale


Taïeb Moalla
Pour une troisième journée consécutive, la redevance que le parti de Bruno Marchand pense imposer le long du parcours du tramway a été, vendredi, au centre des attaques et des contre-offensives de la campagne électorale municipale.
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Québec 21 a dégainé en premier, tôt en journée, en estimant que cette redevance risque de faire fuir de potentiels promoteurs immobiliers.
« Marchand, à travers cette taxe accompagnant les nouveaux permis, nous démontre le même appétit insatiable qu’Équipe Labeaume-Savard a envers les taxes des contribuables résidentiels et commerciaux [...] Les gens sont égorgés. Ils sont tannés », a tonné Jean-Pierre Du Sault, candidat de Québec 21 dans Montcalm-Saint-Sacrement.
Mercredi, lors d’un point de presse, M. Marchand n’a pas fermé la porte à une taxation le long du parcours du tramway
Dès le lendemain, il a toutefois rectifié le tir en évoquant l’hypothèse d’une redevance pour les promoteurs qui développeront de futurs projets à haute valeur (le montant précis reste à déterminer).
Le « Marchand de taxes »
Marie-Josée Savard, cheffe d’Équipe Savard, a jugé que « cette redevance est une forme de taxes. Au lieu d’appeler ça la taxe Marchand, on pourrait peut-être l’appeler le Marchand de taxes. Ça envoie un mauvais signal pour les promoteurs. » D’après elle, une redevance peut causer de la « gentrification » tout le long du tracé et empêcher la municipalité de construire des logements sociaux.
Raisonnement semblable chez Jean Rousseau, chef de Démocratie Québec, qui s’en est pris à M. Marchand.
« En voulant à tout prix aller chercher des revenus supplémentaires, on va privilégier un type de développement de style condos de luxe. On va éloigner les usagers potentiels du tramway en faisant en sorte que ce soit inaccessible à proximité des stations. »
Il persiste et signe
Confronté au tir groupé de ses principaux adversaires, M. Marchand a quand même persisté et signé. « Quand on regarde partout dans le monde, incluant à Montréal, il n’y a pas de promoteurs qui ont fui, a-t-il balayé du revers de la main. Les promoteurs ont besoin de savoir quelles sont les conditions. »
Le chef de Québec forte et fière a ajouté que rien n’empêchera l’administration municipale de demander aux promoteurs de faire place au logement social. « C’est 200 à 300 millions $ qu’on ne prendra pas dans la poche des citoyens. Pourquoi ne pas l’envisager ? » s’est-il demandé.
Informé de la formule utilisée par Mme Savard pour le qualifier, il a glissé cette petite phrase ironique à l’égard de son adversaire : « Mme Savard développe son vocabulaire. C’est fantastique [...] Est-ce qu’on veut la reine de la clip ou bien on veut débattre d’un enjeu ? »
Ce qu’en disent les candidats à la mairie
« C’est faux de dire qu’il y a de l’argent de plus qui va sortir de la poche des contribuables, puisque c’est déjà budgété »
— Marie-josée Savard
« Les 300 millions $ (part de la Ville dans le mégaprojet de tramway) ne poussent pas dans les arbres. On est obligé de les trouver. On a le courage de dire que ceux qui s’enrichissent sur le dos du tramway pourraient aussi contribuer »
— Bruno Marchand
« Il l’a échappé. Il veut taxer. Ce qu’il a dit cette semaine, c’est le fond de sa pensée. Il a vu après que ça dérapait dans les médias et il s’est rétracté »
— Jean-françois Gosselin
« Oui, il y a une plus-value. On le voit déjà le long des Métrobus. Cette plus-value peut être utilisée pour obliger les promoteurs à faire certains types de développement, inclure du logement social et avoir plus de parcs »
— Jean Rousseau
« On s’inquiète du potentiel d’embourgeoisement causé par le tramway et on souhaite prendre des mesures pour le contrer, incluant de capter une partie de l’augmentation de la valeur foncière sur le trajet pour assurer la mixité sociale pour les secteurs concernés »
— Jackie Smith