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L'article provient de Le Journal de Québec
Sports

La réalité de l'enfant prodige de la WHL: «Les gens ont grossi cette histoire»

James Tubb, Medecine Hat News
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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2024-02-09T13:30:00Z
2024-02-09T13:30:14Z
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«Le cousin de Connor Bedard est-il meilleur que lui?» Le titre de cette vidéo sur YouTube illustre bien la réalité du prodige Gavin McKenna, dominant dans la WHL à seulement 16 ans avec les Tigers de Medecine Hat. 

McKenna n’aura jamais le luxe de mener une vie normale d’adolescent. À 14 ans, la WHL lui a accordé le titre de «joueur exceptionnel». Il est devenu la fascination d’un peuple qui veut être émerveillé, qui rêve au prochain génie du hockey, au «next one» comme les anglos l’appellent. 

Et en plus, l’histoire s’écrit trop bien. McKenna est, oui, le cousin de Bedard, lui-même pressenti comme le prochain Connor McDavid. 

«Les gens ont grossi cette histoire, rigole McKenna au téléphone, qui ne semble pas pour autant en tenir rigueur à qui que ce soit. Nous ne sommes pas cousins de sang, mais à travers le mariage. Je l’ai seulement rencontré quelques fois lorsque je l’ai affronté. On communique surtout par messages texte.»

Ne laissez quand même pas les faits gâcher une belle histoire. Quoique cette histoire n’est pas si mauvaise, au fond.

«Bedard était sur la glace quand j’ai marqué mon tout premier but dans la WHL. Il est venu me féliciter après», raconte le jeune attaquant, qui a grandi en regardant Patrick Kane, mais qui s’inspire aujourd’hui de Jack Hughes. 

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McKenna n’avait encore que 15 ans jusqu’au 20 décembre dernier. Dans ces circonstances, ses statistiques n’ont aucun sens : 69 points, dont 22 buts, en 44 matchs - et 29 points en 12 rencontres au mois de janvier.

En termes de point par match, il est en voie de connaître la meilleure saison de la WHL pour un joueur de 16 ans depuis, justement, Connor Bedard. Or, Bedard était plus vieux de cinq mois durant son année de 16 ans; McKenna, lui, avait 15 ans pendant une moitié de saison!

«Je ne trouve pas ça juste d’accoler des étiquettes à ces jeunes, prévient Willie Desjardins, son entraîneur-chef à Medecine Hat. Il est vraiment jeune et il a encore des croûtes à manger avant d'atteindre la LNH. Mais oui, il fait des choses spéciales. Le plus grand compliment que je peux lui faire, c’est que je vois un joueur de 18 ans quand il est sur la glace. 

«Sa vision du jeu est exceptionnelle. Sa confiance aussi. Il a une confiance qui est digne de l’élite et une maturité bien au-delà de ses 16 ans. Je ne sais pas comment il y parvient, mais il fait des choses que je ne le croyais pas capable de faire...»

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Comme pour se ramener lui-même sur Terre alors qu'il s'enflamme au sujet de son poulain, Desjardins enchaîne les mises en garde. 

«Il a beaucoup de chemin à faire avant d’arriver à la Ligue nationale. Beaucoup de choses devront se passer», tempère-t-il. 

McKenna semble néanmoins avoir été bien préparé à ce qui l'attend. 

«Il a le caractère nécessaire pour garder les pieds sur terre, souligne Desjardins. Sa famille est très posée. C'est une famille incroyable. Gavin doit continuer de développer son jeu, mais il est brillant et introspectif. C'est un atout. Avant même qu'on n'ait à lui parler, il sait ce qu'il doit améliorer. Il sait qu'il doit être plus gros et plus fort. Qu'il doit améliorer son tir. Il a une bonne lecture et une bonne compréhension du jeu.»

Un surdoué Yukonais  

Si tout va bien, McKenna remplira de fierté un jour une communauté tissée serrée, celle de sa ville natale de Whitehorse, au Yukon, dans le nord-ouest du Canada. 

C’est parfois dans des températures extrêmes, les doigts gelés, que le surdoué a fourbi ses armes sur la patinoire extérieure aménagée par son père. 

«Parfois, je devais sortir parce qu’il faisait -35», se souvient-il.

Le hockey est naturellement très populaire dans ce climat polaire, mais le nombre d’équipes pouvant offrir de la compétition à McKenna était limité. Pour permettre à leur jeune garçon de prendre part à des camps de hockey à l’extérieur de la province, la famille de Gavin a travaillé d’arrache-pied avec la communauté et les gens d’affaires de Whitehorse. 

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«C’était dispendieux, note McKenna avec gratitude. Les vols et tout ce que ça impliquait. Nous sommes tellement reconnaissants d’avoir pu bénéficier de cet appui. C’est une petite ville, alors tout le monde se connaît.»

Représenter Whitehorse sur la plus grande scène et dans la meilleure ligue au monde serait pour McKenna une belle façon de rendre la pareille à ceux qui ont financé son développement. Seulement trois joueurs nés au Yukon ont évolué dans la LNH, le plus récent étant Dylan Cozens des Sabres de Buffalo – par ailleurs, comme quoi tout le monde se connaît à Whitehorse, le petit frère de Dylan, Luke, est un très bon ami de Gavin. 

«C’est l’objectif, avoue le prodige, qui a amassé un affolant total de 31 points en sept matchs avec la délégation du Yukon aux Jeux d'hiver du Canada de 2023. La communauté en a fait tant pour moi. Je veux marcher sur les traces de Dylan. Il a donné tant de visibilité au hockey à Whitehorse.»

L’autre objectif? Être repêché au tout premier rang en 2026. Il ne veut pas trop y penser, mais... c’est parfois plus fort que lui. 

«C’est une idée qui me reste derrière la tête, confie McKenna. Ça me pousse à me surpasser chaque jour, que ce soit pour effectuer une répétition de plus dans le gym ou pour tirer plus de rondelles à l’entraînement.»

Ce n'est que dans deux ans que McKenna sera sélectionné par une équipe de la Ligue nationale. Devrait-on le laisser tranquille malgré l’ampleur de ses exploits? Un adolescent de 16 ans devrait-il donner des entrevues... ou même cette entrevue? 

«Ça fait partie du jeu, répond avec maturité le principal intéressé. Je ne veux pas avoir une mauvaise réputation. J’estime qu’il est important d’être gentil et respectueux avec mon interlocuteur. C’est le moins que je puisse faire.»

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