Crise sécuritaire en Haïti: la diaspora «dépassée par les événements»
TVA Nouvelles
L’instabilité se poursuit en Haïti, où jusqu’à 17 citoyens américains, des missionnaires et leurs familles ont été enlevés par un groupe armé, samedi, une situation qui inquiète de plus en plus la diaspora à Montréal.
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Au moins un Canadien ferait partie du groupe qui aurait été enlevé en revenant d’un orphelinat, selon plusieurs médias américains. Le gang, reconnu pour s’attaquer à des organisations religieuses, aurait détourné plusieurs véhicules qui circulaient sur des axes routiers.
Depuis le début de l’année, 600 cas de kidnapping ont été recensés au pays.
Les gangs n’hésitent pas non plus à réclamer un montant qui dépasse parfois le million de dollars, une violence qui préoccupe énormément les Haïtiens qui vivent à Montréal et qui ont des proches là-bas.
«Je suis en sécurité, mes enfants ne sont pas en sécurité. Comment je peux vivre?», a souligné l’une d’entre eux.
Réunification familiale
Les démarches pour les Haïtiens résidant au Canada pour faire venir leurs familles sont longues et complexes, et certains perdent espoir.
«J’ai épuisé toutes les portes. Malheureusement, ça n’a pas marché. Je me sens dépassé par les événements», a raconté un homme.
«La communauté est indignée de ce qu’il se fait en ce moment en Haïti, et de l’immobilisme de certains pays amis, dont le Canada, dans certains dossiers», a expliqué, dimanche, Frantz André du Comité d’action des personnes sans statut, en ondes sur LCN.
Le processus pour faire venir des proches qui sont en Haïti est par ailleurs semé d’embûches, a-t-il noté.
«Je connais un jeune homme que ça fait quatre ans que son enfant est né, et il n’a pas pu le rejoindre, on espère que ça va être le cas prochainement», s’est-il désolé. «L’aspect est extrêmement lourd et peut prendre énormément de temps. On peut parler d’un à quatre ans.»
Selon M. André, le gouvernement ne priorise pas les dossiers des Haïtiens.
«Présentement, une des réponses qu’on a, c’est qu’on a fait venir 20 000 Afghans», a-t-il souligné. «On met des priorités sur des gens qu’on vient d’accueillir sans avoir réellement de statut spécial.»
Une raison géopolitique pourrait également avoir une influence dans ces délais, a précisé M. André.
«Le Canada accueille des gens qui vivent une situation précaire chez eux. On les fait venir, alors que nous avons déjà une situation précaire ici avec des familles qui sont en Haïti et qu’on devrait faire venir», a-t-il ajouté.
Ottawa n’a pas rendu les appels de TVA Nouvelles quant à la réunification familiale, mais dit cependant être au courant des reportages des médias sur le citoyen canadien kidnappé en Haïti et a ajouté que les représentants sur place travaillent avec les autorités locales et les ONG afin de recueillir plus d’informations.