Mike Bossy (1957-2022): la rançon de la gloire
Mike Bossy avait énuméré des obstacles rencontrés au fil de sa carrière dans une lettre sur Player’s Tribune


Marc de Foy
À l’occasion de son 60e anniversaire, en 2017, Mike Bossy écrit une lettre sur le site Players' Tribune. Cette plateforme fondée par Derek Jeter en 2014 permet à des athlètes professionnels de raconter des histoires personnelles.
Bossy adopte une formule originale pour l’occasion.
Il s’adresse à l’adolescent de 14 ans qu’il fut pour lui dire ce qui l’attend dans sa carrière.

Ciblé parce que talentueux
Bossy s’arrête notamment sur la violence dans le hockey.
Voici des extraits à ce sujet: «La raison pour laquelle je t’écris est pour te faire savoir que tu t’apprêtes à traverser l’une des périodes les plus difficiles de ta vie.

«J’espère que tu as apprécié la beauté de ton nez jusqu’à ce jour, car bientôt, il ne sera plus droit.
«Pour une raison quelconque, des gens t’en voudront d’être un marqueur de buts. Les équipes adverses te verront comme une cible et t’en feront baver.
«Tu vas te faire sauter dessus par derrière. Tu vas encaisser des coups de poing que tu ne verras pas venir. Tu vas te faire sortir du jeu par des mises en échec provenant d’un angle mort.

«Plus tard, tu subiras des blessures appelées commotions cérébrales. Tu ne sais pas encore ce que c’est, mais tu vas en avoir quelques-unes.
«Certains soirs, alors que tu seras en train de reprendre ton souffle, tu verras toute l’équipe adverse patiner à toute vitesse vers ton banc pour t’entraîner dans une bagarre générale.
«Les coups de bâton et les doubles échecs seront tellement communs que ça ne vaut pratiquement pas la peine d’en parler.

«Ça, c’est seulement la réalité du hockey junior des années 1970.»
Un combat dans la LNH
Bossy dira souvent que ses années junior l’ont traumatisé. Mais il a trouvé le courage de continuer jusqu’à la Ligue nationale.
Car pour mettre la rondelle dans le filet adverse, il devait aller dans les zones payantes, ce qui comportait une grosse part de danger.
Les joueurs qui ne vont pas chercher la rondelle le long de la rampe et qui ne se placent pas dans un rayon proche du filet ne comptent pas de buts.

Bossy a laissé tomber les gants une fois dans la Ligue nationale. Pas parce qu’il l’avait voulu, mais parce que le rude défenseur Behn Wilson s’était rué vers lui lors d’un match qui opposait les Islanders aux Flyers de Philadelphie, connus alors sous le surnom des Broad Street Bullies.
Le tout commença lorsque Bossy encaissa une dure mise en échec de Dave Hoyda. Mais avant que le joueur des Flyers n’ait le temps de se diriger vers le banc des pénalités, il doit répondre de ses actes contre Clark Gilles, le protecteur de Bossy.
S’ensuit une bagarre générale. La scène, survenue le 6 janvier 1979, est sur YouTube.
Ce jour-là, Bossy fait le serment qu’on ne l’y reprendra plus.
À ce sujet, il explique encore au Mike Bossy de 14 ans: «Il faudra te préparer à la façon dont les gens vont te regarder et parler de toi pour avoir adopté cette position.

«Ça deviendra une grosse histoire pour un joueur qui est déjà traité injustement de “timide” sur la glace. Des gens du monde du hockey diront qu’un joueur qui ne se bat n’est pas un gagnant.»
L’année suivant cet incident, Bossy remporte la première de quatre coupes Stanley consécutives avec les Islanders.
La cause de ses maux de dos

Malheureusement, il sera contraint de se retirer de la compétition en 1987 en raison de maux de dos causés par une vieille blessure à un genou.
À 12 ans, alors qu’il est élève au Laval Catholic High School, Bossy subit une fracture de la rotule lors d’une compétition de saut en longueur tenue dans le cadre d’olympiades scolaires.
La jambe immobilisée dans un plâtre, il continue à pratiquer ses sports estivaux préférés, tel le baseball, dans lequel il occupe le poste de receveur.
Bossy n’en fait pas de cas.
«Ton genou ne guérira jamais complètement, dit-il encore au Mike Bossy de 14 ans.
«Mais tu n’en feras pas de cas parce que tu patines sans problème. Mais plus tard, alors que la science médicale aura progressé, on découvrira que ta blessure a causé un déséquilibre au niveau de ton corps.
«À ta neuvième saison [dans la LNH], avant même d’avoir l’âge de 30 ans, ton dos va t’abandonner. Et quand ton dos te lâche, c’est la fin.»