La publicité de Doug Ford: un prétexte pour les Américains de mettre fin aux négociations commerciales avec le Canada?
Mina Collin
Le président américain Donald Trump ne serait pas véritablement indigné par la publicité anti-tarifs du premier ministre de l’Ontario Doug Ford, mais l’utiliserait plutôt comme prétexte pour suspendre les négociations commerciales avec le Canada, avance un analyste politique.
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Après la tempête provoquée par la publicité ontarienne aux États-Unis, Doug Ford a annoncé son retrait des ondes dès lundi, mais le président américain a riposté en relevant de 10% les tarifs douaniers sur le Canada.
«Je pense qu’il faut distinguer les effets d’annonces et remettre ça dans le contexte des négociations», a indiqué le doctorant en science politique, Georges Mercier, à LCN, samedi.
Selon lui, dans ce contexte, la publicité du gouvernement Doug Ford ne serait qu’un prétexte utilisé par les Américains pour interrompre les négociations commerciales.
«C’est probablement ça qui est le plus probable, parce qu’il faut bien comprendre que la Maison-Blanche est claire depuis plusieurs semaines maintenant: les États-Unis et le Canada sont en compétition pour certaines industries et dans la tête de Donald Trump, c’est un jeu à somme nulle», a expliqué l’analyste politique.
Le président américain viserait à rapatrier des secteurs industriels clés pour renforcer l’économie de son pays.
«Si des voitures se font en Ontario, elles ne se font pas aux États-Unis et l’ambition du président, c’est de les rapatrier aux États-Unis. Même chose dans le domaine de l’acier, de l’aluminium ou du bois d’œuvre», a souligné M. Mercier.
Il estime que parvenir à un accord est compliqué, Donald Trump ne cherchant pas à ce que l’entente profite autant au Canada qu’aux États-Unis.
«C’est “nous gagnons, vous perdez”. On comprend que le clan canadien ne veut pas signer une telle entente», a-t-il déclaré.
Un «timing» parfait
L’annonce ontarienne arrive exactement au moment voulu pour que Donald Trump s’en serve comme levier pour mettre fin aux négociations.
Sans cautionner la réaction de la Maison-Blanche, Georges Mercier souligne que l’indignation provoquée par la publicité, dans laquelle Ronald Reagan met en garde contre le protectionnisme, est immédiatement compréhensible.
«Si les Américains avaient diffusé une publication au Québec, par exemple, qui aurait repris des discours de René Lévesque pour attaquer notre politique, je ne pense pas qu’on aurait été très satisfait de ça. Donc, le prétexte était bien trouvé [et] il a été utilisé», a-t-il fait valoir.
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