Agressions sexuelles sur deux élèves: la prison guette ce prof d’éducation physique aux mains baladeuses


Erika Aubin
Un professeur d’éducation physique aux mains baladeuses pourrait maintenant se retrouver derrière les barreaux pour avoir agressé sexuellement deux élèves d’une polyvalente de Saint-Jean-sur-Richelieu.
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«Il y a une frontière à ne pas dépasser. Les gestes n’ont tout simplement aucune raison d’être. [L’enseignant] interagit avec des adolescentes et il est primordial de protéger leur intégrité sexuelle», a déploré le juge Éric Simard en condamnant Patrice Dumouchel le mois dernier.
L’ex-professeur d’éducation physique à la polyvalente Marcel-Landry a alors été reconnu coupable d’agressions sexuelles sur deux de ses élèves, au palais de justice de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Main entre les seins
Dumouchel, qui s’est lui-même décrit comme une personne «très tactile» à son procès, prenait parfois à l’écart l’une d’entre elles pour lui parler, et il en profitait pour mettre sa main sur son coccyx.
Une fois, il est venu la chercher dans sa classe au sujet d’un billet médical et pendant qu’ils discutaient dans le corridor, il a posé sa main entre ses seins.
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«Elle a alors figé, sous le choc. Suite à cet attouchement inapproprié, elle se sentait agressée et évitait tout rapprochement» avec l’enseignant, a relaté le juge.
Dumouchel a agrippé une autre adolescente par le devant de son chandail, touchant par le fait même ses seins. Cela a créé beaucoup de malaise et d’anxiété chez cette jeune fille renfermée, qui avait beaucoup de difficulté à s’affirmer à l’époque.
Doute raisonnable
Le prof âgé de 55 ans a été acquitté d’une dizaine d’autres chefs d’accusation, dont contacts sexuels et exploitation sexuelle envers deux autres élèves.
On lui reprochait entre autres d’avoir fait un high five (tape dans la main) à une ado avant de poursuivre son geste en lui donnant une tape sur les fesses ainsi que d’être embarqué sur une autre fille, qui tentait de récupérer un ballon au sol pendant un cours.
Pour ces événements, le tribunal n’a toutefois pas été convaincu hors de tout doute raisonnable qu’il y avait l’intention d’une gratification sexuelle.
«Dans la période que nous vivons actuellement, le geste est sûrement inapproprié et [il] aurait tout intérêt à revoir ses comportements», a tout de même fait savoir le juge Simard.
Le procureur de la Couronne, Me Martin Bourgeois, a annoncé son intention de demander une peine de détention. «On parle de deux victimes et d’un enseignant qui avait une position d’autorité», a-t-il expliqué au magistrat.
Patrice Dumouchel est suspendu par la polyvalente depuis janvier 2019, après que l’une des quatre plaignantes l’eut dénoncé à une psychoéducatrice de l’école. Les représentations sur la sentence se tiendront en juin prochain.
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