La prison à la maison pour une agente de voyages qui a fraudé pour 747 000$
Elle devra rembourser seulement 30 000$ à sa victime


Camille Payant
Une femme qui a floué des centaines de clients en fraudant un voyagiste pour 747 000$ s’en tire finalement avec seulement de la prison à la maison, au terme d’une saga judiciaire qui s’est étalée sur plus d’une décennie.
Depuis qu’elle a plaidé coupable en 2022, Manon Hubert a pu rembourser à sa victime seulement 4600$. Mardi, elle a été condamnée à lui verser 25 400$ de plus d’ici huit ans.
Christian Guillet, propriétaire de l’agence de voyages Langelier, avait toutefois essuyé des pertes de plus de 250 000$ et avait même dû vendre son entreprise afin de ne pas faire faillite.
En 2011, la femme de 60 ans s’était mise à vendre des séjours à bas prix, en s’associant avec cette agence de voyages.
Or, elle offrait ces forfaits à un prix inférieur au marché, ce qui a causé des défauts de paiements au voyagiste.
Pour combler le manque à gagner, Hubert a vendu des voyages fictifs à des clients. Cet argent lui a permis de combler les sommes manquantes qu’elle devait à l’agence de voyages Langelier.

À l’époque, l’Office de la protection du consommateur avait évalué le nombre de personnes flouées à plus de 750.
Plainte à la police
Ce stratagème s’apparentant à une fraude à la Ponzi s’est toutefois effondré quand elle n’a plus été capable de payer l’entreprise de M. Guillet.
Ce dernier a alors annulé des réservations de l’accusée, sans savoir que des clients avaient déjà payé la femme. M. Guillet a ensuite porté plainte à la police de Montréal.
«J’ai vécu plusieurs années de cauchemars», a-t-il souligné mardi au tribunal.
Hubert avait fait l’objet d’un reportage de J.E. en janvier 2012. Elle avait été accusée au criminel quelques mois plus tard.
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Saga judiciaire
Les procédures ont traîné depuis. Après avoir avoué ses torts une première fois en 2018, elle a retiré son plaidoyer de culpabilité.
Un procès d’un mois était ensuite prévu, lors duquel la fraudeuse devait se représenter seule. Elle a finalement de nouveau avoué ses crimes avant le début.
«15 ans plus tard, c’est certain que la mémoire de certains témoins s’est atténuée. Les difficultés se seraient multipliées», a souligné le procureur de la Couronne, Me Denis Trottier.
Manon Hubert sera assignée à résidence en tout temps pendant les cinq premiers mois de sa sentence. Elle devra ensuite respecter un couvre-feu lors des 19 mois suivants.
Elle pourra toutefois sortir de chez elle pour travailler, aller à ses rendez-vous médicaux... et accompagner son petit-fils à ses matchs de hockey.
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