«Elle jardinait, elle faisait la cuisine, elle dansait même les soirs de fête»: la première victime québécoise d'un virus transmis par les moustiques était en forme avant d'être terrassée
Convulsions, vomissements, pertes de consciences et coma ont précédé la mort de l’octogénaire


Mathieu-Robert Sauvé
La première victime québécoise de l’encéphalite équine de l’Est (EEE), une maladie transmise par les moustiques, était en bonne santé lorsqu’elle a été contaminée et sa mort a été lente et douloureuse, selon sa fille.
«Ma mère était en excellente santé malgré ses 80 ans. Elle jardinait, elle faisait la cuisine, elle dansait même les soirs de fête», explique Kathleen De Melo, une des six enfants de Fatima Pacheco De Melo, décédée le 25 septembre dernier à Laval.
Choquée de lire que, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, la première victime du virus de l’EEE avait une santé fragile, Mme De Melo a tenu à rectifier les faits. Sa mère était en bonne santé lorsque les premiers symptômes de cette maladie extrêmement rare chez les humains ont frappé, l’an dernier.

Premiers symptômes
C’est d’abord dans la salle d’attente d’un cabinet de radiologie où Kathleen De Melo accompagnait sa mère pour un examen de routine que celle-ci a eu ses premiers symptômes, des nausées, de la confusion et des convulsions.
Alerté, le radiologiste a fait transporter la patiente à l’Hôpital général juif de Montréal.

Après les examens d’usage, les médecins lui ont donné son congé, mais les symptômes ont repris avec plus de puissance dans les semaines suivantes.
Quand Mme Pacheco De Melo a été hospitalisée à la Cité de la santé de Laval à la suite d’épisodes de douleurs intenses et de ce qui s’apparentait à de l’épilepsie, elle a été transférée aux soins intensifs.
Après avoir été plongée dans l’inconscience, elle est décédée le 24 septembre.
Un coup de téléphone de l’intensiviste de garde à l’hôpital lavallois a confirmé à Kathleen De Melo en novembre 2024 que sa mère avait succombé des suites d’une infection au virus de l’EEE.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission d’Isabelle Maréchal, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Hommage
Pour sa fille, Fatima Pacheco De Melo était une femme extraordinaire qui ne méritait pas de mourir de cette façon. Originaire des Açores au Portugal, elle avait immigré au Québec et s’était consacrée à sa famille pendant près de 60 ans.
«Oui, elle s’est fait piquer par des moustiques quand elle faisait du jardinage à son chalet de Saint-Calixte, ou possiblement à Saint-Lin–Laurentides, où elle s’était aussi rendue. Comme tout le monde au Québec», lance Kathleen De Melo, incapable de préciser le moment et l’endroit où la transmission du pathogène fatal pourrait avoir eu lieu.

C’est la première fois qu’une personne du Québec est victime de cette maladie causée par un virus qui est connu pour décimer un cheval en quelques jours.
Transmis par une espèce de moustique de plus en plus présente au Québec, l’EEE a fait deux autres victimes en 2024, une en Ontario et une au New Hampshire.
Un virus rare mais souvent mortel
- Transmise par une des 63 espèces de moustiques présentes chez nous, l’encéphalite équine de l’Est (EEE) a été diagnostiquée pour la première fois en 2016 au Canada. C’était en Ontario. La personne n’est pas morte de son infection.
- Jusqu’en septembre 2024, trois autres cas humains ont été confirmés au Canada, mais sans décès.
- En septembre 2024, un résident d’Ottawa est décédé après avoir contracté l’EEE, marquant le premier décès humain au Canada lié à ce virus.
- Le ministère québécois de la Santé et des Services sociaux a confirmé au Journal de Montréal le premier cas québécois, survenu en septembre 2024.
- Les chevaux sont très vulnérables à ce virus qui les décime en quelques jours. Mais un vaccin les protège, alors qu’il n’existe aucun médicament contre l’EEE chez l’humain.
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